Le Midi Libre - Midi Kabyle - Un paradis déserté
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Edition du 25 Août 2010



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Ait-Ergane
Un paradis déserté
25 Août 2010

Concernant l’origine de cette appellation, Aït-Ergane ou Reggane, d’après ce qui nous est parvenu par le biais de la transmission orale, les premiers habitants d’Ath Ergane étaient arrivés du sud algérien, de la région berbérophone de Reggane plus exactement.

Aït-Ergane était aussi partie prenante de la grande tribu des Aït-Sedka, et à ce titre, elle avait participé, au fil des siècles, à toutes les batailles menées au nom de la liberté et de l’indépendance de la Kabylie. Aït-Ergane est un village de Kabylie, au creux du majestueux Djurdjura, dans la commune d’Agouni Gueghrane, dans la daïra des Ouadhias. Les Aït-Ergane sont limités par le massif du Kouriet et la commune d’Agouni Gueghrane au Nord, par la commune d’Aït Toudert au Nord-Est, par la commune d’Aït-Boumahdi à l’Est, par l’imposant Akouker et la wilaya de Bouira au Sud et, enfin, par la commune d’Aït Bouadou à l’Ouest. Ce village est constitué de sept hameaux : Thazzeka, Thaghza, Ath Ouadar, Thaguemount, Thaourirt, Tineswin et Tigri. La plupart de ces douars sont à une hauteur de plus de mille mètres d’altitude, le point culminant étant Taguemount avec 1.140m. La superficie d’Aït-Ergane est de 18,5 km2 pour une population de 4.500 habitants environ, soit une densité de 243 ha/km2. Aït Ergane, à l’image des villages de haute montagne, est un lieu de rêve pour les amateurs de la nature auxquels il lance un appel irrésistible pour de longues randonnés pédestres à travers une flore et une faune abondantes, notamment au printemps. De nos jours, la plus grande partie des familles originaires d’Aït-Ergane, et pour des raisons multiples, sont installées ailleurs que sur le territoire de leur village natal. Les premiers départs étaient liés aux premières vagues d’immigration dès le début du siècle, suivis par des déplacements massifs et sous la contrainte dans des camps de fortune, à Agouni-Gueghrane, Ouadhias et Bouira, pendant la guerre d’indépendance. Il y a eu ensuite, au début des années 70, quelques dizaines de déménagements vers les Ouadhias et Ouacifs de quelques familles qui voulaient scolariser leurs enfants dans de bonnes conditions. Aït-Ergane, comme l’ensemble des villages kabyles, connut une seconde vague d’immigration de main d’œuvre vers la France dans la première partie des années 70 et qui s’étala jusqu’en 1975. Quelques jeunes ayant réussi leurs études s’établirent en ville à leur tour, principalement à Tizi-Ouzou, Boumerdès et Alger dès 1980 et le printemps berbère qui a servi de véritable catharsis pour de nombreux jeunes cadres et étudiants fraîchement sortis ou accueillis dans les écoles d’Alger ou la toute nouvelle université de Tizi-Ouzou, suivis par des dizaines de jeunes couples qui, grâce à l’argent de l’immigration justement, ont fini par acheter, dans les vallées, de petits lopins de terre où ils élevèrent des maisons d’un type moderne. Après les années de terreur et le printemps noir de 2001, une troisième génération prit, encore, les chemins de l’exil. La répartition approximative de cette diaspora pourrait être la suivante : 25% à Bouira, 20% aux Ouadhias, 10% à l’étranger (dont 95% en France et quelques dizaines de familles dispersées entre la Belgique, l’Allemagne, le Luxembourg, l’Angleterre, le Maroc, l’Afrique du Sud, le Canada et les Etats-Unis), 15% entre Les Ouacifs, Tizi-Ouzou, Alger, Béjaïa, Boumerdès, Tipasa... L’économie des Aït-Ergane est une économie rudimentaire de subsistance. L’investissement aussi bien public que privé a toujours fait défaut dans cette région et ce, bmalgré le grand profit qui peut être tiré de sa situation au cœur du parc national du Djurdjura, de ses paysages typiques, de l’abondance des sources d’eau, des sites de randonnées, et la présence d’un artisanat local et de l’agriculture de montagne. Pour ce qui est des infrastructures, on y trouve trois écoles primaires, un collège d’une construction récente, une annexe de mairie qui ne sert plus, un bureau de poste fermé, un centre de santé moribond et une vieille mosquée. Du côté des loisirs, hormis une petite bibliothèque qui n’a vu le jour que grâce au dynamisme et au dévouement exemplaire de certains membres de l’association locale, c’est le désert total. Dans un endroit riche de par sa nature et sa culture, il est triste de constater que les enfants se morfondent, à longueur d’année, dans l’ennui et l’oisiveté.

Par : Nawel B.

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