Le Ramadhan est à nos portes, et le monde musulman va entamer ce mois sacré comme à l’accoutumée, dans la joie et la piété. Pendant les 29 ou 30 jours, les habitudes alimentaires vont être changées. Bien que la tradition reconnaisse les vertus du jeûne, les premiers fondements scientifiques ne remontent qu’à la fin du XIXe siècle. Le Dr Isaac Jennings (1788-1874) fut l’un des premiers médecins américains à préconiser ses bienfaits. C’est en 1822 qu’il renonce à l’usage de la médication et qu’il opte pour une nouvelle science de la santé basée sur des principes naturels, dont le jeûne, que l’on appela ensuite hygiène naturelle ou système hygiénique. D’autres praticiens l’ont imité, mais on doit principalement à Herbert M. Shelton2 (1895-1985), chiropraticien et naturopathe reconnu comme le père de l’école hygiéniste, d’avoir élaboré un protocole basé sur un jeûne strict à l’eau, sans exercice physique, soit un repos physiologique complet, à la manière de Socrate, pour aiguiser son esprit ! Mais qu’en est-il pour les diabétiques ? Le Ramadhan leur est il aussi favorable à l’instar des personne saine ? La réponse du Dr Hamid Terak, diabétologue qui a eu l’amabilité de nous accorder cet entretien est positive, particulièrement d’un point de vue spirituel. Excepté les diabétiques du type 2 qui sont soumis a une injection d’insuline. Voici son avis.
Midi Libre :
Quelles sont les raisons pour lesquelles le Ramadhan est bon pour la santé ?
Dr Terak : Premièrement le nombre de repas est réduit et cela permet ainsi d’équilibrer la glycémie du diabétique par réduction des apports caloriques, mais tout cela à condition de respecter certaines mesures alimentaires.
Quel est votre avis à propos du Ramadhan et du diabète ?
Le Ramadhan profite favorablement aux diabétiques, il n’est pas déconseillé aux diabétiques du type 2 non insulino-dépendants.
C’est seulement la prise d’insuline qui n’autorise pas de jeûner ?
Les malades qui prennent une seule dose d’insuline le soir associé à l’hypoglycémiant peuvent également jeûner et ce dernier est conseillé dans leur cas. Les diabétiques du types 1 ne sont pas autorisés au jeune en raison de la prise d’insuline plus de deux fois par jour et s’ils s’aventurent à jeûner ils risquent des complications métaboliques graves et un potentiel état comateux.
Les diabétiques autorisés à jeûner, ne courent-ils pas un risque de désydratation par cette chaleur ?
Aucun risque, seulement il y a quelques précautions à prendre. Ceux qui sont autorisés à jeûner doivent éviter de sortir entre 11h et 16h, car ils risquent de se déshydrater et seront ainsi obligés de rompre le jeune.
Quels sont donc les symptômes qui obligent à rompre
le jeune ?
Lorsque la soif survient à la suite de la chaleur associée à une grosse fatigue et des vertiges, la personne doit prendre sa glycémie à la recherche d’une hypoglycémie, surtout chez les personnes prenant leur comprimé durant le "shor".
La meilleure chose à faire dans ce cas est de prendre l’avis de son médecin traitant qui est le seul à autoriser ou non le jeûne et à modifier la prise du comprimé pour éviter des hypoglycémies durant la journée.
Il y a aussi les diabétique qui sont traités pour d’autres problèmes quels conseils leur
donneriez-vous ?
Pour les diabétiques de type 2 traités en cardiologie, malgré l’autorisation de leur médecin, l’avis du cardiologue est aussi important, surtout pour ceux qui prennent des comprimés à la mi- journée.
Pour ceux qui sont autorisés à jeûner le régime alimentaire doit être respecté rigoureusement en évitant surtout les sucres rapides: kelbelouz, zlabia, limonades… et les plats trop gras que l’on a tendance à consommer en ce mois de piété. Ils doivent boire également beaucoup d’eau durant le "shor" et éviter de faire beaucoup d’effort.
Que conseillez-vous aux plus jeunes diabétiques ?
Ils ne doivent pas sortir durant l’après-midi et éviter les efforts physiques.
Les enfants doivent bien s’alimenter le soir et boire beaucoup.
Qu’avez-vous à dire en conclusion ?
Il faut savoir que l’état spirituel, la foi, aide aussi le malade à jeûner et à garder un bon équilibre de sa maladie. O. A.