Chaque année, Béjaïa organise ses foires commerciales pour une durée de quinze jours afin de donner une meilleure ambiance à la ville durant la période estivale avec l’arrivée des touristes qui affluent des différentes régions du pays. En effet, chaque foire en cache une autre sans que les mesures de sécurité connaissent d’amélioration.
Durant les années 70, ces foires étaient organisées sur le boulevard Amirouche mais vu l’exiguïté de l’endroit, la commune a opté pour l’avenue de la gare ferroviaire. Mais les riverains qui étaient constamment gênés par les longues journées bruyantes de ces foires se sont plaints auprès des organisateurs. Après la dissolution des aswak el Fellah, l’APC de Béjaïa, organisatrice de cette manifestation, a fixé son choix sur la grande surface du lac d’Ihaddadène. Ce site composé d’un immense hangar et d’une vaste cour est dépourvu de toutes commodités. Absence de sanitaires, pas d’eau potable ni endroit de repos et surtout aucun espace n’est réservé pour les enfants. La foire ressemble plus à marché hebdomadaire qu’a une manifestation commerciale proprement dite. Certes, si le constat est réellement amer, c’est l’absence des mesures de sécurité qui inquiète le plus. En effet, les dizaines de stands exposés et collés les uns aux autres sont couverts de nylon et de morceaux de bâche alors que l’alimentation du courant électrique se fait avec des fils électriques dénudés qui ne présentent aucune sécurité. Au moindre court circuit électrique ou une cigarette jetée par inattention, c’est la catastrophe et les stands peuvent s’embraser. L’autre constat c’est le manque d’aération de la surface du hangar et la chaleur suffocante qui se dégage de sa toiture en tôle. Par ailleurs, aucune issue de secours n’existe en cas d’incendie. Pour les mieux avertis, il est inconcevable d’organiser une telle manifestation, qui draine des centaines de personnes de tout âge, dans de pareilles conditions. Mais à ce jour la commune de Bejaia autorise les organisateurs à faire ces foires sans leur imposer la moindre mesure de sécurité.
L’absence d’un cahier des charges qui définit les conditions d’organisation ouvre la voie à l’organisation anarchique de ces foires. Il suffit de faire une virée dans ce lieu pour s’apercevoir de ces problèmes. A l’entrée même, les visiteurs sont obligés de faire une longue chaîne sous un soleil de plomb pour ramener leur billet d’accès à 10 DA . Une fois à l’intérieur, c’est un véritable souk où la musique fait trembler les tympans. La vente de la marchandise exposée se fait à la criée. Des familles et des filles sont importunées par des jeunes voyous qui guettent la moindre occasion pour les voler. Les visiteurs ne sont pas restés indifférents à ces choses à l’exemple de cette dame qui nous a déclaré : «Il y a plus de curieux que d’acheteurs, je préfère acheter à l’extérieur car il y a plus de choix et de la qualité. Ces foires c’est de l’arnaque. Ils nous disent que c’est la foire de la mariée, il n’y a que des robes ordinaires et des valises. C’est le gain facile. A l’intérieur vous étouffez de chaleur. Ils font ces foires pour occuper les gens et leur faire oublier les problèmes quotidiens, le chômage, le manque d’eau, les pannes d’électricité et la listes est longue». Cette année, les commerçants de Bejaia se sont opposés à l’organisation de cette énième quinzaine économique qui se déroule du 20 juillet au 3 août et qui, selon eux, leur cause un manque à gagner dans leur activité et sur leur chiffre d’affaires mais l’APC juge qu’il faut bien animer la ville en l’absence d’un véritable programme d’animation.