Le Midi Libre - Culture - Le souffle vivifiant de l’inertie
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Edition du 31 Juillet 2010



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Djahida Houadef, artiste peintre
Le souffle vivifiant de l’inertie
31 Juillet 2010

Les tableaux de Djahida Houadef, si naïfs dans leur pureté joyeuse, ont beaucoup à voir avec l’enfance. Pour ceux ou celles qui laissent errer leurs yeux sur ces images très coloriées, ils ne manqueront pas d’être transportés sur un tapis volant dans un doux voyage comme dans l’un des contes merveilleux des Mille et une nuits.

Née à Ngaous en 1963 «un village d’abricotiers» des Aurès Djahida Houadef y a grandi «en voyant les abricotiers lui donner des couleurs» Elle «a eu tout un palais à elle seule» c’est de cette manière que la plaisantèrent des amis venus voir son exposition intitulée «Nature morte» qu’a abritée la semaine écoulée le bastion 23 ou le Palais des Raïs d’Alger. «Je suis satisfaite, il y a une continuité entre ma conception de l’art et ce palais» avoue-t-elle.
Djahida Houadef captive la vie et le mouvement sous les surfaces d’apparence morte et inerte. «A travers la nature morte, je veux représenter des choses qui sont témoins d’un vécu et d’une histoire, ce sont des scènes tirées de l’instantané comme d’une photographie». Cependant elle trouve une différence fondamentale entre la photographie et la peinture. La différence réside dans la qualité de la sensation. Selon elle dans la peinture, on prend plus de temps pour peindre un tableau que dans la photographie.
Dans celle-ci, il entre beaucoup plus de hasard . «Vous pouvez tomber sur une certaine lumière en faisant de la photo, cette lumière vous ne l’avez pourtant pas choisie et composée, mais dans la peinture, c’est vous-même qui choisissez les tonalités, c’est quelque chose de voulu, qui vient en écho à quelque chose de profond qui émane de vous-même». Djahida en se saisissant de l’espace à travers le temps et la lumière, «découvrait qu’il y avait sur terre des milliers de personnes et chacune d’entre elles était un monde prodigieux.
Des individus à l’infini dans un univers aussi vaste qu’interminable…» écrit-elle sur son site et de poursuivre plus loin «bien que ma conscience m’ait révélée que je n’étais pas le centre du monde, j’avais un désir ébranlant de le réinventer et de déplacer ses composants comme les pièces de Lego d’une fonction à une autre… J’inventais des jeux pour mes frères et sœurs, je découpais des revues, toutes sortes de personnages, des femmes, des hommes et des enfants. Et nous les manipulions et dirigions à notre guise comme des marionnettes, nous leur improvisions des scénarios sur des sujets du quotidien revus et corrigés par notre imagination, dont faisaient l’objet les voisins et les voisines, les parents et les enfants, les maîtres et les élèves…»

Nature morte
Selon Charles Sterling, historien d’art « une authentique nature morte naît le jour où un peintre prend la décision fondamentale de choisir comme sujet et d’organiser en une entité plastique un groupe d’objets. Qu’en fonction du temps et du milieu où il travaille, il les charge de toutes sortes d’allusions spirituelles, ne change rien à son profond dessein d’artiste : celui de nous imposer son émotion poétique devant la beauté qu’il a entrevue dans ces objets et leur assemblage.» Djahida Houadef insiste sur le caractère «éphémère» de la nature morte, «la fleur ou le fruit dit-elle ont une durée limitée, elles ne peuvent être comparées à une jarre, un vase, ou un fauteuil qui véhiculent un symbolisme qui peut être un design» Les fruits, poursuit-elle, «qu’on cueille d’un arbre ne vont pas vivre très longtemps, je représente des choses de la nature qui étaient à un moment donné dans la vie et sur lesquels j’ai posé mon regard, mes tableaux expriment ce regard en fait chargé de sensation et d’histoire». Et d’ajouter «j’utilise beaucoup la couleur afin de rendre compte de la luminosité d’un pays lumineux, et donc il me faut faire étalage de toutes les lumières».
 Présentées sous verre, les peintures de l’artiste ressemblent à des miniatures perses. Pour autant l’art de Djahida « n’est pas de la miniature ni de l’impressionnisme, ni du cubisme». «Mon travail,, soutient-elle, «entre dans le cadre d’un travail particulier, dans un mouvement artistique qui s’appelle l’art singulier.
C’est un mouvement qui puise dans tous les mouvements artistiques et les écoles d’art. Je me suis inspirée de ce que j’ai pu découvrir à travers l’histoire de l’art, de ce que j’ai vu comme image, ensuite j’ai fait une synthèse qui s’appuie sur mes propres visions et sensations.  Si on peut retrouver effectivement l’esprit de la miniature, cette caractéristique reflète un des aspects de mes œuvres seulement pas le tout, à un certain moment d’ailleurs j’étais très proche de la miniature de Mohamed Racim».
Le support papier reste le support de prédilection de Djahida «le papier m’offre la possibilité de parfaire et d’enrichir le côté graphique de mes œuvres». Djahida utilise toutes les techniques et tous les médias, cela va de la gouache, en passant par l’aquarelle, les pastels, jusqu’aux crayons de couleurs. Adepte du mélange des médias, elle est donc friande d’une peinture basée sur la technique mixte sur papier.
Djahida Houadef est diplômée de l’Ecole nationale des Beaux Arts et de l’Ecole supérieure des beaux-arts d’Alger. Sa première exposition remonte à 1986 et elle a à son actif plusieurs distinctions dont le 2e prix au Salon de la femme peintre à Alger et le 2e prix à l’hommage à Aïcha Haddad. Arts et Culture. Alger.

Par : Larbi Graïne

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