Le sable roulé des oueds est quasiment introuvable dans Béjaïa et ses environs. La crise prend de l’ampleur et la seule cause en est la fermeture de toutes les unités produisant ce matériau indispensable
à tout béton.
Oui, effectivement la pénurie de ciment a failli cacher celle du sable, mais elle semble ne pas avoir réussi. Le sable roulé des oueds est quasiment introuvable dans Béjaïa et ses environs. La crise prend de l‘ampleur et la seule cause en est la fermeture de toutes les unités produisant ce matériau indispensable à tout béton. Les sablières se trouvant sur le territoire de la wilaya de Béjaïa ont été destinataires d‘une correspondance administrative signée par le directeur de l‘hydraulique de la wilaya et datée du 17 juin 2010 les sommant d‘arrêter toutes les activités. La lettre donne un ordre strict de cessation d‘activité sans pourtant être un arrêté pris par le premier responsable de la wilaya, plus forte qu‘un référé de justice. La durée de cette cessation n‘est indiquée nulle part donc " sine die" jusqu‘à nouvel ordre. Le motif de cette fermeture est vraisemblablement le non aboutissement des dossiers techniques. Suite à cette lettre surprise les « sabliers » ont essayé, chacun de son côté, de régler le problème de manière connue de tous par les démarches individuelles. Mais en vain. C‘est après moult tentatives qu‘un collectif s‘est de facto créé pour s‘entraider et surtout parler le même langage du moment qu‘ils font un même métier. Ce collectif a, le 17 juillet dernier, saisi le wali de Béjaïa par une lettre dans une copie est parvenue à notre rédaction suite à quoi nous nous sommes rendus sur les lieux et avons visité certaines sablières à l‘arrêt comme le montrent si bien les photos.
Le silence des sabliers
Sur place, nous avons pu constater de visu que tous ces géants d‘acier broyant, tamisant et lavant ce sable sont inertes et muets et contemplent paisiblement le ciel en cette période d‘été où il est de coutume de doubler sinon tripler toutes les capacités d‘extraction et de traitement car c‘est la saison du boulot nous dira Fares l‘un des exploitants. La décision prise par les autorités semble mettre ce secteur dans une situation inextricable à plusieurs volets.
Le premier est celui de tout ce beau monde qui ne travaille pas ou est même menacé d‘un chômage qui durera, le second se rapporte à la disponibilité de ce matériau sur les chantiers. Son manque sera indubitablement la cause de tous les arrêts et/ou les retards des chantiers de construction car l‘on ne peut imaginer un béton sans sable enfin toutes ces activités qui gravitent autour et ne dit-on pas que dans un pays lorsque le bâtiment va tout va. Le bâtiment c‘est le sable. Revenons à cette décision de fermeture pour défaut de dossiers techniques Si telle est la raison, l‘on croit savoir que presque tous les exploitants de ces ballastières ont déposé leurs dossiers respectifs depuis février 2006 soit depuis quatre années déjà. De plus comment un opérateur qui a déposé un dossier depuis presque quatre sans avoir reçu de refus ni de demande de complément de documents peut-il deviner que son dossier est rejeté ou risque de l‘être.
Le dossier en question est semblable à tout autre dossier administratif, sauf que pour le cas présent il y a en plus une étude d‘impact sur l‘environnement établie par des spécialistes et un cahier des charges à respecter, d‘ailleurs tout cela est clairement énoncé dans les textes de la loi numéro 05-12 du 04 aout 2005, modifiée et complétée relative a l‘eau Le décret exécutif numéro 09-376 du 16 novembre 2009 fixe les conditions d‘interdiction d‘extraction de la matière d‘œuvre, à savoir les matériaux alluvionnaires dans les oueds et/ ou des tronçons. Une question s‘est posée d‘elle-même : est-ce que toutes les entreprises n‘ont pas de dossiers conformes ou en voie de l‘être ? Secundo est-ce que tous les oueds de la wilaya de Béjaïa sont interdits d‘extraction ?
A ces questions s‘ajoutent beaucoup d‘autres posées par ceux que l‘on a pu approcher, particulièrement le plus abattu d‘entrei eux qui d‘emblée dira « nous sommes très légalistes, nous respectons notre République et ses lois seulement pour notre cas je crois sentir soit une mauvaise application de ces lois, sinon une précipitation à des desseins inavoués », car ajoutera-t-il « une quinzaine d‘unités ne peuvent guère tomber instantanément sous le coup d‘une loi.
Même si tel est le cas il y a une souplesse dans l‘application, en nous empêchant d‘extraire le sable, pourquoi nous interdit-on la vente du produit fini stocké et de la matière qui elle aussi est sur site dans l‘attente d‘entre traitée ». Non dira Fares - «ils» veulent arrêter le bruit des broyeurs c‘est tout -. Pour un autre exploitant les raisons semblent faire partie de la haute voltige car, selon lui, pourquoi des semi-remorques de dix-huit mètres cube sillonnent le territoire dans tous les sens remplis de sable semblable au notre sans que ceux qui les fournissent n‘en soient inquiétée ? N‘y a-t-il que les oueds de Béjaïa qui représentent un danger écologique imminent pour la planète ? Si les hautes autorités veulent interdire une fois pour toutes ce matériau qu‘elles le fassent, soit, mais sur tout le territoire. De plus s‘agissant d‘une activité industrielle a caractère commercial avec à l‘origine une concession à durée déterminée, seule la fin de ladite concession ou sa non prorogation ainsi qu‘une décision de justice peuvent les arrêter et toute autre tutelle ne pourra que procéder à une suspension limitée dans le temps. Dans cette branche précise , la tutelle est multicéphale, tout le monde commande les sabliers soit presque tous les ministères. Ces sabliers vivent la situation d‘un pèlerin au retour des Lieux-Saints, tous les yeux sont braqués sur lui et la simple bévue est amplifiée pour en faire un cas.
Un chômage sans précédent
La crise, si elle venait à perdurer, fera sans aucun doute des milliers de victimes en matière de postes de travail directs en plus de tous ces jeunes qui ont créé leurs petites boîtes de transport après avoir bénéficié de tous les appuis étatiques (Andi,Ansej et autres) en ayant contracté des crédits qui dépassent le milliard de centimes ceci en faisant fi de tous les désagréments que causera cette pénurie sur les chantiers de construction et par ricochet sur le plan quinquennal de développement.
Dans tous les cas des manques à gagner sont énormes et la peur du lendemain l‘est davantage. Comment s‘exerce ce métier de « sablier » Apres avoir rempli les conditions premières qui sont celles de pouvoir obtenir un registre du commerce, c‘est-à-dire entrer en possession de tous ses droits civiques, il y a lieu de demander au wali une concession sur un site déterminé qui pourra être accordée par un arrêté après tous les avis techniques utiles et d‘usage.
Cette concession ne saurait dépasser cinq années, mais elle est renouvelable dans la même forme. Le demandeur est également tenu de souscrire à un cahier des charges qui fixe les obligations du concessionnaire. Ces concessionnaires, pour le moment mobilisés, lancent un appel à toutes les autorités pour que soit réétudiée cette décision hâtive de fermeture et réitèrent leurs attitudes de légalistes. L‘affaire est à suivre et nous y reviendrons…