C’est dans les hauteurs d’Azazga, plus exactement dans la commune d’Ifigha que se trouve cet endroit paradisiaque, ce havre de paix, de solidarité et de générosité qu’est le village de Moknéa.
De chaque côté de la route y menant, le regard est choyé à perte de vue de verdure, de champs de figuiers et d’oliviers, signe d’abondance et de fertilité des terres de ce village ancestral, car, raconte-t-on, les villages de Moknéa à côté de ceux d’Aourir et d’Achallam, sont les villages les plus anciens de la Kabylie. Récemment d’ailleurs, l’un des paysans a découvert à tout hasard une pierre avec des caractères libyques datant de la préhistoire.
A première vue, le visiteur de ce village qui compte aujourd’hui plus de 2 mille habitants, cherchera, vainement, des yeux, sans trouver la trace, ne serait-ce que d’une vieille habitation. Car les habitants, pour la plupart des émigrés, ont tous construit de belles habitations embellies par la pierre taillée, un matériau très prisé dans la région, vu son abondance.
Dès le commencement de la montée, le visiteur a cette impression d’entrer dans une toute autre dimension, il lui semblera avoir fait un voyage dans le temps. Il ressentira un appel vers le passé dans chacune des pierres de ces maisons qui ont défié le temps et qui semblent le regarder avec humilité et lui raconter la belle époque où ses intérieurs, silos, jarres et soupentes, ne désemplissaient pas de vivres, quand ses coins et recoins gardaient jalousement les secrets de ses habitants.
L’organisation de ce village ne date pas d’aujourd’hui, les affaires de ces citoyens ont toujours été gérées dans une démocratie absolue. Jadis, ce fut une thajmaât composée de 12 à 15 personnes de chaque Karouba qui se réunissaient pour prendre les décisions importantes, présidée par un l’amin, un sage du village. C’est lui qui tranche dans les affaires importantes. Aujourd’hui, la noble tâche est dévolue au comité de village.
Connu aussi pour la solidarité des ses habitants, Moknéa s’est toujours prise en charge et n’a jamais attendu l’aide de l’Etat. La seule école qui existe dans ce village à été construite en 1963 par les propres moyens des villageois.
Dernièrement, c’est en la cérémonie qu’ils ont organisée en mémoire du congrès de la Soummam qu’ils ont inauguré ce monument édifié de leur sueur et de leur propre volonté afin d’honorer la mémoire des 57 martyrs dont a fait don ce village alors que le nombre de ses habitants ne dépassait pas les 260 âmes.