Dans une interview exclusive, au Midi Libre le professeur Abderrahmane Saaidia, éminent spécialiste en ORL et directeur général du Centre hospitalier universitaire d’Annaba, fait le point sur les investissements et la stratégie adoptée en fonction des moyens existants dans la troisième ville du pays pour faire face à la pathologie du cancer. Dans ce combat, que ce soit pour stabiliser l’évolution de la maladie, la guérir si possible, ou assurer une meilleure qualité de vie au patients issus des six wilayas limitrophes, le recours aux thérapies ciblées, explique-t-il, reste déterminant.

Midi Libre : Professeur, vous avez fait récemment une intervention magistrale sur l’apport des thérapies ciblées dans la lutte contre le cancer en présence d’un staff médical composé de spécialistes et de médecins stagiaires au niveau de l’hôpital Dorban, pouvez-vous nous expliciter la portée de cette conférence?
Professeur Saaidia : A cette question je pourrais vous faire rappeler que le cancer est devenu une pathologie de plus en plus fréquente en raison du niveau de l’espérance de vie dans notre pays. Plus une personne vit longtemps plus la probabilité d’être affecté augmente évidemment. Le milieu hospitalier se familiarise de plus en plus donc avec ce type de pathologie qui tend à se banaliser au même titre que certaines maladies chroniques tels le diabète ou l’hypertension.  L’apport des thérapies ciblées, dont l’objectif primordial est d’adapter la stratégie thérapeutique en fonction des moyens de bord disponibles au niveau des structures médicales locales, vise à dégager le meilleur traitement possible par une approche multidisciplinaire, via un groupe de travail collégial et confier ensuite son exécution au spécialiste principal en l’occurrence l’oncologue médical…

Pouvez-vous définir ce terme précis : oncologue médical ?
L’oncologue médical est le spécialiste chargé du traitement du cancer par le médicament. Son rôle est de rendre compte et d’évaluer les résultats et les coûts du traitement issu du consensus pluridisciplinaire devant le comité.

Quel est le niveau del’oncologie médicale dans la wilaya d’Annaba ?
L’oncologie médicale existe à l’hôpital Dorban dans toutes ses différentes potentialités. Il y a pour ainsi dire toutes les formes de chirurgie et toutes les drogues nécessaires. A ce propos il faut, sans doute, souligner l’effort appréciable consenti par l’Etat en matière de pharmacie, médicaments et consommables. Il faut noter que le budget du médicament a étré propulsé à une fois et demi le montant du budget général global du CHU toutes dépenses confondues y compris les salaires.

Les thérapies ciblées, thème phare de votre conférence, vise-t-il comme cela semble indiqué dans l’intitulé tel ou tel type de cancers, dans ce cas quel type de cancer domine le registre annabi ?
Ecoutez, mon intervention qui est avant tout d’essence méthodologique, fait référence surtout aux tumeurs ORL, tête et cou, cancer du col de l’utérus, le cancer du vacum… à Annaba, on ne peut dire que tel ou tel type de cancers domine ; tous les types de cancer sont possible.

Le centre anticancer en voie d’achèvement, va ouvrir bientôt à Annaba, de quels services va-t-il être doté ?
Ce centre sera d’un apport considérable pour soulager et simplifier le circuit de parcours des malades qui affluent des six wilayas limitrophes. D’un autre côté sur le plan thérapeutique, étant donné sa proximité étudiée avec les différents établissements hospitaliers il va faciliter grandement la mise en place d’un comité pluridisciplinaire de praticiens nécessaires pour dégager un traitement consensuel. Quant aux services, ils sont au nombre de quatre, à savoir la radiothérapie externe, la curiethérapie, la médecine nucléaire et le renforcement de l’oncologie médicale.

Qu’est-ce que la médecine nucléaire ?
En deux mots c’est la médecine qui fait appel aux remèdes à base d’éléments radioactifs, à doses étudiées, comme par exemple l’usage qu’on fait de l’iode 131 radioactif dans le traitement du cancer de la tyroïde.

D’importants investissements ont été consentis dans le cadre de l’amélioration de la prestation médicale au niveau des différents établissements de santé publique. Pouvez-vous, en tant que  premier gestionnaire du CHU, nous faire le point sur  ce chapitre et quelle est sa contribution dans la lutte contre le cancer ?
Ces investissements de par leur importance participent au renforcement de l’environnement médical et du secteur de la santé publique. Ces efforts financiers gigantesques consentis par l’Etat vont booster le niveau de la médecine publique en améliorant la qualité et la performance des prestations au niveau des établissements et des hôpitaux publics. C’est toute une logistique au service de la lutte contre le cancer. A titre d’exemple, nous pouvons citer la dotation de tous les hôpitaux d’Annaba d’un écodoppler (table de radiologie fonctionnant avec la technologie moderne  de capteur de plomb. ndlr). Une dotation de 4,5 milliards. Toujours concernant la radiologie, nous avons également acquis un mammographe, appareil servant à la détection du cancer du sein, ainsi qu’un scanner de haute technologie numérique à 64 barrettes. Tous ces équipements vont contribuer efficacement dans la stratégie de la lutte contre le cancer.

Et en ce qui concerne le chapitre analyse et dépistage…
Tous les laboratoires d’Annaba relevant du secteur public ont été rénovés et rééquipés.Le laboratoire d’anatomie pathologique vient d’être désigné laboratoire de référence régionale en ce qui concerne l’activité d’identification et de dépistage du virus HPV (responsable du cancer du col de l’utérus). Le laboratoire de virologie de Dorban, vient de bénéficier d’une enveloppe de 6 milliards pour l’acquisition d’équipement de virologie. En pédiatrie, le laboratoire d’immunologie de sainte Thérèse est en cour de réfection au même titre que la clinique de pédiatrie pour une meilleure prise en charge de la maladie de l’enfant. De même que pour la clinique d’ophtalmologie totalement rénovée et équipée. Je vous informze que 10 milliards ont été alloués à cette clinique  qui a réussi à développer la greffe de la cornée.