Le Midi Libre - Midi Kabyle - La sittelle de Kabylie
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Nouara
La sittelle de Kabylie
30 Juin 2010

Une voix limpide, suave, mielleuse, généreuse… tous ces qualificatifs ne peuvent cerner cette voix qui berça et continue encore à bercer des générations entières. Grande dame, diva de la chanson kabyle, symbole de lutte dans les années de cendre, lorsque chanter était tabou, mère courage dans la décennie noire, bravant interdit et peur pour durer, continuer à chanter au plaisir et au bonheur d’un public conquis et fidèle. Puisant des origines d’Ath Jennad, de la famille d’Ath Amar Ouzegane (Azzazga), Nouara est née et a vécu avec ses parents à Alger, à la mythique Casbah, dans un lotissement dénommé «Iâakouren», où se seraient regroupés les habitants de Yakouren et d’Azazga.
Dire qu’à l’âge de trois ans, elle frôla la cécité à cause d’une rougeole mal ou tardivement soignée. Elle passa près de 7 ans à l’hôpital, et c’est pendant ce séjour qu’elle entra à l’école primaire d’El-Achour. Elle ne recouvra totalement la vue qu’à l’âge de neuf ans et s’inscrit chez les Sœurs blanches. Cet handicap a, à coup sûr, perturbé sa scolarité même si, pour rattraper son retard, elle s’inscrit à l’école El Khaïma, où elle redoubla d’efforts en étude et en assiduité.
«Je me faisais un gage d’apprendre par cœur toutes les chansons kabyles que la radio diffusait pour les fredonner en faisant le ménage alors que je n’étais qu’une enfant, au momemnt où chanter était synonyme de bannissement», tenait-elle à dire demblée. Son passage à la radio, elle le devait à une émission qu’elle prisait à l’époque, une chronique féminine diffusée sur Radio Paris et présentée par Nadia. Emission à laquelle elle participa une fois que sa présentatrice vedette eut rejoint la Radio algérienne.  «Je me faisais un défi d’y passer, je lui ai écrit et téléphoné !», ce qui n’était pas rien à l’époque ! Elle fit alors son entrée timide, dans le trac et la frayeur, alors que ses frères, inscrits déjà au Conservatoire pour apprendre la musique, participaient à l’émission enfantine de Mohamed Belhanafi. Ainsi débuta sa carrière à la Radio nationale  avec la touche incontestable du déjà maestro Kamal Hammadi dans le théâtre autant que dans des émissions comme «Iferrahen» et «Music halla si radyu». Entreprenante et volontaire, elle prit premier, second rôle et même figurante dans chaque manifestation que la Chaîne II proposée à son auditoire, participant jusqu’aux émissions religieuses, dans le seul but d’assurer pitance à une famille nombreuse et nécessiteuse.
Elle assura en animatrice principale l’émission mythique «Nouva l’khalat», 18 ans durant. Une émission qui collecta un répertoire considérable d’Achewwiq  qui, aujourd’hui hélas, est en déperdition, selon son propre aveu.
Elle vint à la chanson, après avoir touché à tout; Sur un radio-crochet pour enfants que Cherif Kheddam avait alors organisé au profit exclusif des femmes de la radio, elle fut retenue. Ayen our thezrid fut la première chanson qu’il lui avait composée et qu’elle avait interprétée devant un véritable orchestre, dirigé par Maâmeri Maâmar. Puis vint Madjid Bali qui lui composa plusieurs chansons, dont la plus célèbre Ayema aazizen ayema, puis ce fut au tour de Meziane Rachid, mais surtout Ben Mohamed de qui elle interpréta Djerdjer, Sigh lmesvah et Nighak sbah lkhir. Mdjahed Hamid et Ahcène Abassi, en grand musiciens, furent auteurs de ses grandes mélodies.
Dans son riche parcours, elle chanta en duo avec Chérif Kheddam, Lounis Aït Menguellet, Farid Ferragui et Lounès Matoub. De son aveu, ce dernier lui a préparé un album complet, mais le destin en a voulu autrement.

Par : Nawal Ben

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