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Jean Amrouche
Quand littérature et journalisme font bon ménage
23 Juin 2010

Jean Amrouche, fils de Fadhma Ath Mansour et frère de Taous Amrouche, de son nom complet Jean El-Mouhouv Amrouche, est né le 06 février de l’année 1906 à Ighil Ali, un village de la vallée de la Soummam, au sein d’une famille convertie au christianisme. La famille de ce dernier s’installera par la suite à Tunis où il poursuivra de brillantes études secondaires puis à l’école normale de saint Cloud. Il devint ensuite professeur de Lettres dans les lycées de Sousse, Bône et Tunis. Et c’est au milieu des années trente qu’il publia ses premiers poèmes dans la revue Cahier de Barbarie qu’il dirigeait en compagnie d’Armand Guibert. Durant la période de la Seconde Guerre mondiale, il rencontra André Gide à Tunis et rejoint les milieux gaullistes à Paris. De février 1944 à juin 1947, jean Amrouche est directeur de la revue l’Arche, éditée par Edmond Charlot, et qui avait publié les grands noms de la littérature française de l’époque à l’image d’Albert Camus, René Char, Maurice Blanchot, Joé Bousquet, Francis Ponge et bien d’autres
Jean Amrouche est aussi renommé pour ses entretiens, qu’il réalisa sur Tunis R.T.T. de 1938 à 1939, Radio France Alger de 1943 à 1944 et surtout Radio France Paris de 1944 à 1958, où sont invités des théoriciens de la taille de Roland Barthes, Maurice Merleau-Ponty, Gaston Bachelard, jean Wahl ainsi que des poètes et romanciers comme Claude Aveline, Georges Emmanuel Clancier, Max-Pol Fouchet et Kateb Yacine.
A propos de ses entretiens dira Jean Lescure que l’histoire de la littérature ne se passera qu’avec dommage de ce nouveau genre crée par Amrouche avec Gide puis avec Claudel, Mauriac et Ugaretti, et que sa perte serait aussi grave que celle du Manuscrit de caves du Vaticans, de Portée, de Génitrix ou de l’Allegria, il dira aussi que : « Et neuf fois sur dix Amrouche trouve la question qui contraint son interlocuteur à faire l’aveu de lui-même, et à renoncer à se protéger du masque que l’existence mondaine a autorisé à sa voix de se former.»
Jean Amrouche a été ensuite mis à la porte de Radio France par le Premier ministre de l’époque alors qu’il servait d’intermédiaire entre les instances du Front de libération nationale et le général de Gaulle. Et depuis, il n’a pas cessé de plaider la cause algérienne depuis la Radio suisse, Lausanne et Genève de 1958 jusqu’à son décès en 1962 suite à un cancer quelques semaines seulement après l’accord du cessez-le-feu.
Concernant l’œuvre poétique, cette dernière s’est arrêtée prématurément, en 1937, alors que son auteur vivra jusqu’en 1962. Donc le jugement de la poésie de Jean Amrouche ne se fera pas par son abandon. Tahar Djaout en fera le contour dans Amrouche, Etoile secrète, L’Enfance de l’homme et du monde, paru dans Algérie Actualité de la semaine du 09 au 15 juin 1981, en ces termes : «(…) L’inspiration de Jean Amrouche est avant tout mystique, d’un mysticisme qui transcende la religion pour créer ses religions propres : celle de l’amour éperdu, celle de la contemplation cosmique, celle de l’harmonie des éléments. S’éloignant de l’ascétisme religieux, le verbe de Jean Amrouche éclate en des points opulents gorgés de ciels, de sèves, d’orages, de fruits et de femmes.»
N. B.


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