Le cinéma reste le parent pauvre de la culture dans la wilaya de Boumerdès. Force en effet est de le constater devant l’absence de salles de cinéma et la faiblesse pour ne pas dire l’inexistence de la production cinématographique.
Le 7ème art dans la wilaya de Boumerdès est inexistant, un constat alarmant, partagé par des cinéphiles et des observateurs de la scène artistique de la région. Sur le terrain de la réalité le constat est des plus affligeants. Partout où l’on se rend à travers les localités de cette wilaya baptisée pourtant «la ville de l’innovation et de la pensée», nous constatons que le cinéma est le dernier souci de la population, notamment juvénile. Ce désintérêt s’explique, selon un jeune questionné à ce sujet, par l’absence de salles de cinéma dans la région. Il n’existe en effet dans toute la wilaya, que deux salles de cinéma, l’une est située aux Issers et l’autre à Khemis El-Khechna. La salle Afrique dans la commune des Issers, jadis considérée comme étant pionnière en matière de cinéma dans la région, a été reconvertie récemment en théâtre. La salle ce cinéma a bénéficié de travaux d’aménagement en raison des dégâts causés par le séisme de 2003. Actuellement, on se contente d’y présenter quelque petits spectacles. Ce qui est loin de cibler un public varié. «Pour voir un film au cinéma des Issers, nous parcourions, à l’époque, de longues distances pour pouvoir être parmi les premiers», nous dira un quinquagénaire. «C’était la seule salle dans toute la wilaya, les gens venaient de toutes les régions, notamment de Réghaïa, pour visionner le film, le 7ème art était très suivi ici», explique notre interlocuteur. Interrogé, un connaisseur du domaine des spectacles, qui requiert l’anonymat, nous a confié que le cinéma est un art à part et qu’il faut lui accorder beaucoup d’importance notamment par la construction de salles de projection. La salle de cinéma de Khemis El Khechna, quant à elle, est abandonnée depuis 2003 après avoir été sérieusement touchée par le séisme de Boumerdès. Depuis les autorités peinent à dégager un projet pour des travaux de réaménagement afin de sauver ce qui peut l’être encore. Cette situation a durement, faut-il le dire, pénalisé l’ensemble des cinéphiles de la région. Ils se plaignent du manque d’infrastructures de jeunesse, leur seule évasion reste, la plupart du temps, les cafés. Faute de distractions les jeunes s’estiment lésés et marginalisés. L’absence d’infrastructures n’explique toutefois pas la faiblesse de la production cinématographique à Boumerdès. Ce constat est partagé par des producteurs régionaux de films qui voient que les responsables de la culture dans l’ex-Rocher-Noir, ne prêtent pas d’importance au cinéma. «Nous avons les meilleurs producteurs, les meilleurs comédiens, ce qui nous manque, c’est l’initiative et l’assistance, particulièrement celle financière», nous a déclaré Rabah Dicho, producteur de films. Ce dernier avoue avoir vécu une triste expérience durant le tournage de son dernier film Tidets Yetswafren (Vérité cachée). «Nous avons vécu des moments difficiles durant le tournage, dépensé des sommes faramineuses pour sa réalisation et nous avons réussi à le mettre en scène, ce qui est d’ailleurs un premier succès», enchaîne-t-il. Notons enfin que ce réalisateur de talent, prépare actuellement des tournages de courts métrages.