Des milliers de familles continuent à végéter, loin des yeux "autorisés", dans des conditions de vie inhumaines. Malediction ou "mektoub"... une chose reste nanamoins sûre, c’est que leur long calvaire n’est pas terminé.
La vaste opération d’éradication de l’habitat précaire et les campagnes de démolition menées un peu partout à travers les communes algéroises, à l’instar d’El-Harrach, Réghaia, Alger-Centre, El-Biar, Hydra et Ben Aknoun, ne semblent pas, pour l’instant du moins, concerner la wilaya déléguée de Bab El-Oued qui abrite pourtant un nombre allucinant de bâtisses vétustes et menaçant ruine. Il est à noter, à ce titre, que plusieurs communes de Bab El-Oued, aussi bien au niveau du chef-lieu de wilaya que sur les hauteurs,végètent dans des conditions de vie pour le moins lamentables. Le quartier de Zeghara sur les hauteurs de Bologhine abrite à lui seul des centaines de bidonvilles et des habitations précaires. Les habitants de ce quartier vivent avec la crainte de se voir expulsés à tout moment, à l’instar de la quarantaine de familles menacées de voir démolir leurs abris de fortune. Ces familles ont occupé ce terrain, voilà plus de 17 ans, pour y ériger des toits en matériau de récupératione. Les autorités locale ont réagi deux années après leur installation, soit en 1995 pour leur promettre une régularisation de leur situation administrative en leur attribuant légalement ces terrains longtemps abandonnés. Mais rien n’est venu depuis et aujourd’hui ces familles sont menacées d’expulsion. Cette situation fait qu’elles n’osent pas investir pour améliorer leurs conditions de vie de crainte de voir arriver une décision de démolition. non loin de là la commune de Oued Koriche connaît le même sort, des centaines d’habitatations précaires sont abandonnéesà leur triste sort par les autorités locales sous le prétexte que la plupart du bâti dans la commune appartient au secteur privé. De ce fait même les opérations de réhabilitation et de réfection des immeubles n’est pas à l’ordre du jour. Aucune opération de relogement ni de démolition n’a été à ce jour inscrite ne serait-ce que pour La Casbah qui se meurt en silence. Toutes ces familles de cessent de clamer leur colère. Les résidants de la cité Indigènes à La Beaucheraye occupent depuis plus d’un demi-siècle un taudis de 18 m2 sans toilettes ni eau courante. «J’ai un volumineux dossier renfermant toutes les démarches entreprises pour tenter de fuir ce bourbier, mais tous nos efforts se sont révélés vains», nous dira un sexagénaire . «Est-ce une malédiction ? Je ne sais pas. Toujours est-il que chaque élu nous promet le paradis pendant sa campagne électorale en fustigeant son prédécesseur qui n’a rien fait et le cycle recommence cinq ans après à chaque élection depuis 1962», ajoute-t-il avec désespoir. «En signe d’impuissance et de résignation, nous avons imputé notre mauvais sort au "mektoub" tout en sachant qu’il est dû surtout à notre situation géographique, à l’abri des regards notre quartier ne gène personne», dira-t-il encore. Ce citoyen désenchanté, n’est pas le seul, des milliers sont dans son cas et crise de logement oblige ont squatté des espaces pour bâtir ce qui ressemble vaguement à des foyers. Comment mener à bien le programme de remise en valeur de l’urbanisation de la capitale, si l’on continue à ignorer ces familles. Le rapport des services de la wilaya d’Alger rapportait pourtant que «l’urbanisme à Alger est encore anarchique et représente mal l’image d’une capitale et que les normes de l’urbanisation sont largement violés». Nous avons tenté d’avoir la version des responsables de la wilaya déléguée de Bab El- Oued, mais cela n’a pas été possible puisque l’on nous a affirmé que cette tâche n’entrait pas dans les prérogatives de la wilaya déléguée, mais plutôt dans celles de la wilaya d’Alger qui a seule le droit de décider du relogement des occupants des bidonvilles ou de la démolition de l’habitat précaire. En attendant, ces damnés de la terre appréhendent de recevoir à tout moment l’avis d’expulsion qui précipitera leur descente aux enfers.