La peinture d’Olivier Debré ne se laisse pas facilement appréhendée dans cette exposition qui lui est consacrée jusqu’au 25 août 2010. Généralement ce sont des peintures à l’huile sur des toiles de grande taille ou de l’encre de Chine sur papier qui agrémentent actuellement les murs du Musée national d’art moderne et contemporain d’Alger (Mama). Au premier coup d’œil, il est difficile de dégager quelques repères intelligibles. Il faut plutôt se laisser aller à un «combat au corps à corps» jusqu’à ce que vous ressentiez les effets "physique" sur vous-même. Olivier Debré vous expliquera, dans un film diffusé en boucle, ses choix esthétiques et sa technique picturale. Il peint ce qu’il appelle des "signes-personnages", une transfiguration des motifs revoyant au réel jusqu’à leur faire perdre toute représentation. Les œuvres rassemblées par thèmes : exemple L’Être dans le signe (1953-1958) Signe-paysage : signe, espace et couleur (1959-1985), Retour des signes (1985), et L’émergence du signe-personnage (1945-1947). Les débuts de l’artiste, marqués par la violence de la guerre, ont imprimé une note tragique aux œuvres datant de 1945-1947. (exposées au rez-de-chaussée du Mama) Avec ces thèmes à la Guernica, on y décèle une influence de Picasso. Dans l’espace réservé à l’Etre dans le signe si on a de la peine à repérer les formes humaines que pourtant la tétralogie signale, c’est que les personnages explosent sur la surface de la toile. L’être se dilue dans l’espace jusqu’à n’en faire qu’un. Contempler le tableau Famille à la grande falaise, Saint-Georges, peint en 1953, revient à entrevoir un fouillis de formes rectangulaires dans une toile qui représente quelque chose qui ressemble à une terre labourée. Sur l’ensemble de la surface de l’œuvre vous voyez donc de la terre dégageant dans le fond une couleur uniforme quoique déclinée si on y prête attention en une multitude de tonalités. C’est un florilège d’abstraction sur fond sombre. La pâte se fait rugueuse et épaisse générant des contrastes de brun et de noir. Le ton terreux domine, certes barré qu’il est par des lignes verticales qui suggèrent la présence humaine. «La vraie révolution s’est produite pendant le néolithique lorsque l’être humain a eu à quitter sa caverne et le monde informel» soutient Debré. Et d’ajouter «depuis l’homme a adopté la station verticale». La verticalité personnifie l’homme. «On peut se promener dans les tableaux comme dans la nature» ajoute Debré. Pour lui la couleur a toute la puissance de celui qui la regarde. L’abstraction n’atteint pourtant pas la pureté de l’écriture. Car seuls les caractères de l’alphabet perdent la faculté de transmettre l’émotion. La peinture de Debré se soucie quant à elle de capter l’émotionnel. Et à ce sujet la taille de l’œuvre qui souvent calque voir dépasse celle de l’homme, a une importance capitale puisque c’est au travers d’elle que s’exprime la sensation matérielle. Quand bien même à première vue on se serait éloigné du monde conventionnel que nous connaissons nous ne quittons pas cependant même avec ce symbolisme outrancier la réalité des choses. Toute peinture nous dit Debré est réaliste car elle ne peut être qu’analyse du monde.