Il y a 17 ans, jour pour jour, tombait sous les balles assassines Tahar Djaout, journaliste, écrivain et directeur de l’hebdomadaire «Ruptures». Son assassin inaugurait ainsi la longue liste des victimes de la furie terroriste qui allait s’emparer du pays tout au long des années 1990. La paisible localité maritime de Baïnem, à l’ouest d’Alger, s’est réveillée complètement secouée en ce 26 mai 1993. Un commando a guetté le journaliste et attendu le moment où il devait allumer le moteur de sa voiture pour lui tirer à bout portant deux balles dans la tête. Ses confrères, qui l’attendaient au travail, ne le reverront plus jamais vivant. Tahar Djaout meurt à l’hôpital le 2 juin après avoir sombré dans un coma pendant une pénible semaine. Tahar est né le 11 janvier 1954 à Oulkhou, près d’Azeffoun, en Kabylie. Il était journaliste depuis 1976, il avait débuté une carrière littéraire presque au même moment en écrivant des poèmes : «Solstice barbelé» (édité au Québec en 1975), «L’Arche à vau-l’eau» (Paris, 1978), «Insulaire & Cie» (Alger, 1980), «L’Oiseau minéral» (Alger, 1982). Pratiquant la recherche d’obédience spéléologique, Tahar Djaout s’intéresse tôt à l’histoire de l’Algérie et du Maghreb dont il a essayé de faire une lecture dans son premier roman, «L’Exproprié» (paru à Alger en 1981, réédité à Paris en 1991). Il fera paraître ensuite «Les Chercheurs d’os» aux Éditions du Seuil, Paris, 1984). L’écrivain a poursuivi, pourtant, des études en mathématiques et obtenu une licence dans cette matière en 1974. Ses écrits journalistiques de facture culturelle témoignent, outre de sa vaste érudition, d’une inclination à la pondération et à la tolérance. Il est mort en opposant à son bourreau ses mains nues en boucliers afin de se protéger la tête.