Cristiano Ronaldo est le joueur le plus cher du monde et l’un des tout meilleurs, mais il peine à reproduire le niveau qu’il affiche en club avec la sélection du Portugal, qui semble pourtant plus ou moins dépendante de son capitaine pour aborder le Mondial-2010.
Le sélectionneur Carlos Queiroz évacue d‘emblée cette «Ronaldo-dépendance»: "Le Portugal dispose d‘un ensemble de joueurs qui ont déjà montré qu‘indépendamment des joueurs qui sont là, nous avons toujours l‘ambition et la possibilité de gagner".
Il remarque aussi que "tout au long de la campagne de qualification, le Portugal n‘a pratiquement pas pu compter sur Cristiano Ronaldo. Il a eu beaucoup de soucis au cours des deux dernières saisons, à la suite d‘une opération à cause d‘une blessure qui le gênait déjà lors du dernier Euro. Compte tenu de ses limitations, il a eu des performances fantastiques".
Queiroz protège son joyau coûte que coûte, quitte à louvoyer avec la vérité. Certes, Ronaldo était diminué à l‘Euro-2008, et a raté ensuite les deux premiers matches de qualification, puis les trois derniers (dont les barrages aller et retour), sur blessure. Mais il a joué les 90 minutes de six matches, sans jamais marquer le moindre but. Notamment lors de trois 0-0 d‘affilée: deux contre la Suède et un face à l‘Albanie, et à domicile... Blessé début septembre, il est ensuite déclaré inapte par son club, le Real Madrid. Pas par son sélectionneur, qui le prend dans le groupe pour affronter la Hongrie, le 10 octobre, un match capital pour arracher les barrages.
Mourinho pessimiste
Cristiano Ronaldo est titularisé. Il serre les dents. Il est finalement contraint de quitter le terrain, les larmes aux yeux, à la 27e minute, non sans avoir délivré une passe décisive pour l‘ouverture du score de Simao (18e). Le capitaine avait ainsi mis son équipe sur la voie de sa première victoire à domicile dans cette campagne de qualifications, qui passe du statut de
"presqu‘éliminé" à "presque qualifié". Et le Portugal découvre aussi un homme qui, décevant jusqu‘alors et soupçonné de privilégier son club à sa patrie, a joué avec sa santé pour le bien de sa "Selecçao". Son "courage" est applaudi. Le Real, lui, grogne, car la blessure s‘est aggravée.
Et le Portugal franchit l‘obstacle de la Bosnie en barrage sans son N.7. L‘absence de Ronaldo souligne en creux le manque de solutions offensives, en tout cas de pur buteur. Nuno Gomes est dépassé, Hugo Almeida n‘a jamais convaincu. Simao et Nani sont moins buteurs que passeurs. Liedson, fraîchement naturalisé, a fait de bons débuts mais il a déjà 32 ans...
Alors on en revient à la Ronaldo-dépendance: beaucoup au Portugal avancent, statistiques à l‘appui, que la Selecçao a plus de chances de perdre quand il ne joue pas. Pour d‘autres, comme l‘entraîneur Manuel Tulipa, "l‘équipe est plus solidaire sans Ronaldo", parfois jugé trop individualiste. Pour Jose Mourinho, ce débat est de toute façon vain: "Même avec un
Cristiano Ronaldo à mille à l‘heure, le Portugal a peu de chances de gagner le Mondial".
AFP