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Edition du 24 Mai 2010



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La journaliste de la chaine parlementaire française LCP, Maja Neskovic, au Midi Libre
«Les principaux censeurs des journalistes, ce sont les journalistes eux-mêmes»
24 Mai 2010

Dynamique et motivée dans son travail d’investigation, Maja Neskovic est  journaliste et animatrice de l’émission «détours d’Europe» sur la chaine parlementaire LCP. Cette émission, qui nous propose des détours initiatiques aux quatre coins de l’Europe, est un programme qui n’est, en fait, ni politique, ni touristique mais une émission à caractère ludique qui nous fait découvrir l’Union, côté pratique, pour une quête extrêmement concrète des conditions et modes de vie dans les différents pays qui la composent ! S’installer, étudier, s’adapter ou vivre tout simplement à Berlin, Varsovie, Dublin, Sofia ou encore Lisbonne, Maja Neskovic parcourt l’Union, voilà l’objectif primordial de cette émission. De rencontres en conversations et en reportages très didactiques, ce guide télévisé européen livre les clefs du pays (durée des études, salaire minimal, durée du temps de travail, prix du logement…). Ce qui a attiré sans aucun doute l’intérêt des téléspectateurs algériens. Sans détours, Maja Neskovic nous révèle les secrets d’une vie aventureuse et les coulisses d’une émission qui ne cesse de prendre de l’ampleur.

Midi libre : En quelques mots, comment présenter Maja Neskovic aux lecteurs algériens?
Je dirais que je suis une jeune journaliste. Je ne me définis pas en tant que française, mais plutôt comme citoyenne européenne qui a beaucoup de chance, grâce à mon métier et mon émission "détours d’Europe" sur la chaine parlementaire LCP, de parcourir différents Etats d’Europe et d’être, de la même manière, proche de mes téléspectateurs en partageant à chaque occasion leurs impressions. 

Vous dites que vous n’êtes pas française, alors…
Oui,  car je suis née à Belgrade, en Yougoslavie un pays qui n’existe plus. Devrais-je dire donc, en principe, que je suis d’origine serbe et j’ai grandi et étudié en France.

Aviez-vous suivi des études de journalisme ou de communication ?
En fait, vu que j’ai mis beaucoup de temps pour trouver ma véritable voie, mon cursus universitaire a été long en basculant d’une spécialité à une autre. J’ai d’abord fait des études en sociologie puis en lettres modernes. Mais ma vraie formation universitaire est celle d’être devenue linguiste.  D’ailleurs, je me suis spécialisée dans l’étude de la grammaire universelle de Noam Chomsky et de son programme minimaliste.
C’est une très jolie théorie qui soutient que toutes les langues ont une structure profonde identique et qu’elles ne diffèrent qu’en surface. Quant à mon enfance, elle a été tout à fait normale et heureuse. Elle a été ponctuée de beaucoup de culture puisque j’aimais, dès mon plus jeune âge, lire et regarder la télé, c’est à dire un peu l’école et beaucoup les vacances! 

Comment, dans ce cas, aviez-vous rencontré ce monde obscur et mystérieux des medias ?
Comme je viens de vous l’expliquer je n’ai pas fait d’école de journalisme mais comme je rêvais d’être journaliste j’ai fait une demande de stage à l’AFP et ça a marché. Ensuite, j’ai fait une autre demande de stage dans une émission que j’aimais beaucoup qui s’appelait "Arrêt sur Images" et qui a été diffusée sur France 5 pendant près de 12 ans. C’était une émission d’analyse et de décryptage des médias où l’on essayait de montrer aux gens les coutures de la fabrication de l’information, les petites manipulations et les différentes sortes de propagandes que peuvent faire passer les médias et particulièrement la télévision. Montrer comment, par le montage, le choix des invités, les images ou l’angle selon lequel on traite un sujet, les vérités peuvent varier d’une chaîne à l’autre ou d’un journal à l’autre. j’y ai travaillé près de 5 ans et c’est là que j’ai appris les bases du métier. J’ai, du coup, un rapport un peu étrange avec les journalistes: j’aime ce métier mais j’ai un peu de mal avec la manière dont le système l’a transformé. Il y a de moins en moins d’indépendance et beaucoup trop de sensationnalisme et de faits divers. Mais heureusement il y a Internet qui, malgré les tentatives de diabolisation de certains hommes politiques ou de penseurs et d’éditorialistes bien en place dans les médias traditionnels, a changé tant de choses et permis à beaucoup de s’exprimer et à d’autres de s’informer différemment.

 L’émission "Détours d’Europe", que vous animez sur LCP, est mensuelle et demande beaucoup de temps pour sa préparation. Quels en sont les souvenirs qui vous ont le plus marquée ?
Chaque numéro m’a laissé de bons et de moins bons souvenirs et j’ai beaucoup de mal à choisir de manière générale...disons que seulement que ma visite au Portugal m’a beaucoup plu parce que je ne connaissais pas le pays et j’ai trouvé les gens vraiment sympathiques et Lisbonne est l’une des plus belles villes d’Europe. J’ai beaucoup aimé aussi Vienne parce que j’ai un faible pour l’empire Austro-hongrois et on peut y vivre aisément  et  la culture y est très accessible...

Et comment Maja Neskovic s’est-elle retrouvée dans cette aventure ?
Et bien c’est tout simplement parceque la société de production avec laquelle je travaille, a proposé le projet de «Détours d’Europe» à LCP qui l’avait accepté naturellement vu que cette émission englobe différents sujets concernant l’Europe.

Quelles sont les anecdotes qui vous ont les plus fait rire ?
Désolée, cela ne me revient pas spontanément à l’esprit, j’essaye de rire tous les jours même avec ce qui n’est pas forcément drôle...quand on est comme moi un peu accroc à l’actualité et qu’on lit le journal tous les jours, il y a plus d’occasions de pleurer que de rire, alors j’essaye de rire un maximum. 

Etablie en France en famille, votre travail vous demande énormément de déplacements. Comment arrivez-vous à concilier vie personnelle et carrière professionnelle?
Il n’y a pas de difficultés particulières, en tout cas pas plus que n’importe quelle autre femme qui travaille. Qu’elle soit journaliste ou qu’elle travaille à l’usine. Je pense même que c’est plus compliqué pour une caissière qui a des horaires très difficiles et gagne un salaire de misère. 

Justement, quels sont les obstacles auxquels vous êtes confrontés dans l’exercice de votre travail ?
Comme pour tout ce qui touche à la télé, on manque de temps et de moyens pour faire les choses bien et aller au fond du sujet, trouver des interlocuteurs intéressants et qu’on ne voit pas ailleurs. C’est le principal obstacle de la qualité, le temps!
Après il faut faire aussi très attention à l’autocensure. Aujourd’hui, c’est, pour moi, dans un pays comme la France où tout le monde dit faire très attention à la liberté d’expression et où l’on pense que la censure a disparu, le principal danger. Les principaux censeurs des journalistes ce sont les journalistes eux-mêmes. J’essaye de me forcer à réfléchir différemment.

En plus du français et de l’anglais, combien de langues maitrisez-vous ?
Je parle le serbe qui est ma langue maternelle même si je le parle de moins en moins bien parce que j’ai moins l’occasion de le parler.
Avant, j’aurais dit le serbo-croate mais depuis l’éclatement de la Yougoslavie, les gens se sont mis à dire qu’ils parlaient des langues différentes, alors que ce sont les mêmes.
Donc, maintenant je dois dire que je parle le serbe, le croate, le bosnien, le macédonien et le monténégrin...c’est ridicule mais ça peut faire bien sur un CV.  

Pour terminer, quel serait votre message aux téléspectateurs algériens, fidèles de votre mission ?
Je suis vraiment très honorée d’avoir des Algériens parmi les téléspectateurs de l’émission.
C’est un peuple que j’admire beaucoup pour son courage et sa capacité à surmonter les épreuves et les difficultés que l’histoire a mises sur sa route.
Je n’ai hélas jamais eu l’occasion d’y aller mais j’ai quelques amis algériens qui savent me donner envie d’y faire un tour...
J’aimerai beaucoup faire une série d’émissions sur le Maghreb ou plus particulièrement sur les anciennes colonies françaises et européennes à la manière de «Détours d’Europe ».

Par : Rabah Akil

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