Diego Maradona doit résoudre une énigme pour espérer apporter un troisième titre mondial à l’Argentine: comment rendre le Ballon d’or 2009 Lionel Messi aussi efficace sous le maillot albiceleste qu’à Barcelone. La «Puce» (1,69 m) a frappé seulement 13 fois en 45 sélections, alors qu’il a inscrit 47 buts toutes compétitions confondues avec son club cette saison. Le Messi catalan est inarrêtable; l’Argentin est invisible. Messi, qui fêtera ses 23 ans le 24 juin, a souvent traîné comme une âme en peine durant les qualifications, marquant seulement quatre fois en 18 matches comme titulaire. Et ses prestations interpellent en Argentine. Certains mettent même en doute son amour pour le maillot national, car le petit gaucher a quitté à tout juste 13 ans son pays pour rejoindre le Barça, qui a pris en charge le traitement hormonal hors de prix dont il avait besoin pour surmonter un problème de croissance.
Relations difficiles avec Maradona
«Cela m’énerve un peu qu’on doute de moi, car ce n’est pas vrai. Je suis Argentin et ce maillot est le plus important pour moi. J’ai eu la chance de tout gagner avec mon club et j’aimerais faire de même avec l’Argentine», rétorque-t-il en décembre avant de recevoir le prix du Joueur de l’année Fifa 2009. Egalement Ballon d’Or, Messi a raflé la Ligue des champions, la Liga, la Coupe du Roi, la Supercoupe d’Europe, la Supercoupe d’Espagne et le Mondial des clubs l’an dernier. Et son début d’année 2010 a été aussi époustouflant, même s’il ne put éviter l’élimination du Barça par l’Inter Milan en demi-finale de la Ligue des champions. Barcelone «est une très bonne équipe mais bien sûr ils ont Messi... Il peut faire la différence à n’importe quel moment», souffle l’entraîneur d’Arsenal Arsène Wenger admiratif après le quadruplé de l’Argentin en quart de finale retour de la même épreuve (4-1). En Catalogne, l’entraîneur Pep Guardiola n’a pas hésité à replacer Messi dans l’axe et à remanier son équipe pour tirer le meilleur profit de sa vitesse, de ses dribbles et de son efficacité. A l’inverse, Messi peine à trouver sa place en sélection, où Maradona l’a tour à tour aligné au côté de Tevez, Agüero ou encore Higuain depuis peu. Ses relations avec le bouillonnant sélectionneur ont en outre mal débuté.
Forcer sa nature
Un mois avant de prendre en main la sélection, le capitaine de l’équipe championne du monde en 1986 déclare: «parfois, Messi joue pour Messi. Il se sent tellement supérieur qu’il oublie ses compagnons de jeu.» Tout juste nommé, Maradona tente de rectifier le tir: «Ce sera très bien de l’avoir avec nous, je crois qu’il peut nous apporter beaucoup». «Notre relation a toujours été bonne», assure en écho Messi, sans parvenir à faire taire les rumeurs sur une prétendue mésentente entre les deux hommes. A la fin des qualifications, Maradona affirme encore: «Je veux parler sérieusement avec Lio parce qu’il doit décoller» en sélection.
Depuis, le sélectionneur s’est entretenu plusieurs fois avec son attaquant vedette pour tenter de le convaincre de forcer sa nature. «Il doit être le patron de l’équipe, il le sait. Nous avons le meilleur joueur du monde, il doit être la cerise sur le gâteau», estime Maradona, qui assure ne pas être jaloux de celui que tout le monde présente comme son héritier. «Je serais très heureux que Leo gagne le Mondial et devienne le meilleur joueur de l’histoire. Il est à un niveau hors du commun. Il joue dans la cour de Jésus et c’est le meilleur du monde», assurait-il début avril.