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Edition du 17 Mai 2010



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Pascal Boniface, directeur de l’Institut des relations internationales et Stratégiques (IRIS)
«Le football, c’est l’ultime stade de la mondialisation»
13 Mai 2010

Comment le football a-t-il conquis le monde de façon pacifique ? Pourquoi a-t-il pris toute cette importance ? Est- ce que le football est un élément de haine ? Quel est l’impact de cette discipline sur les sociétés ? Effacera-t-il les identités des pays qui le pratiquent? Est-ce vrai que c’est un élément essentiel des conflits entre états? C’est à ces questions intéressantes et à beaucoup d’autres que Pascal Boniface, le directeur de l’institut des relations internationales et stratégiques, a tenu à répondre lors d’une conférence de presse organisée mardi à Alger, consacrée essentiellement au football et la mondialisation.

Le conférence a débuté par un petit flach-back sur l’historique de cette compétition, tout en commençant par son premier passage en 1930 en Uruguay, à laquelle ont pris part treize équipes seulement. Elle a conquis l’Asie en 2002, comme elle a conquis l’Amérique du nord en 1994. «Depuis, en se demandait pour combien de temps encore, l’Afrique serait le continent oublié du mondial. Cette compétition rappelons-le, a failli déjà venir en Afrique en 2006, mais les choses en changé à la dernière minute et la compétition a été organisée en Allemagne» a déclaré le premier responsable de IRIS.

La coupe du monde, l’évènement le plus médiatisé au monde
Ensuite, M. Pascal Boniface à tenu a précisé que «la coupe du monde est l’évènement le plus médiatisé pour l’Humanité; la finale est suivie par le plus grand nombre possible de téléspectateurs. Ce n’est plus comme avant; par exemple, en France la liste des présélectionnés a été dévoilée lors du JT de 20h par le coach national. On aurait dit l’annonce d’un nouveau gouvernement du pays» a-t-il indiqué. Tous les regards seront braqués vers cette compétition internationale pendant un mois complet. Une importance dont aucun autre événement ne bénéficie, même quand il s’agit d’un évènement politique.

C’est un évènement important pour l’Afrique
Cet évènement sera d’une grande importance pour le continent africain parcequ’il survient au moment où on s’interroge sur la participation de l’Afrique à la mondialisation. Certes beaucoup disent que non, l’Afrique du sud ce n’est pas tout à fait l’Afrique, puisque elle a une économie et une composante ethnique ainsi qu’une histoire personnelle. En toute état de cause, le rendez-vous sud-africain sera très important pour ce pays qui fait partie de l’Afrique. Donc, il faudra qu’il montre que l’Afrique peut être à la hauteur. Et puis, une victoire de l’Afrique du sud est une victoire de tout un continent et vice versa. Quand je parle d’une victoire ou d’une défaite, précise l’orateur je ne vise pas seulement le coté sportif; au-delà de cet enjeu qui bien sûr un enjeu de passion et de fierté, l’Afrique estime le conférencier devrait montrer que la FIFA a eu raison de confier l’organisation de cette compétition à un pays africain. L’Afrique devrait démontrer qu’elle n’est pas seulement un pourvoyeur de talents mais possède également des équipes qui peuvent réussir. L’Afrique du Sud est pays qui, en termes d’infrastructures et d’organisation, fonctionne bien, et elle pourra être au rendez-vous. Si ceux qui détiennent la responsabilité de confier l’organisation de cette compétition ont estimé qu’ auparavant l’Afrique n’était pas apte à abriter un tel évènement ou pas en mesure de recevoir un grand nombre de sportifs, l’occasion est venue pour l’Afrique qui devrait montrer ses vraies capacités sur tous les plans.

La sécurité reste un enjeu majeur
Si en terme d’infrastructure beaucoup de choses ont été faites, le coté sécuritaire, estime le conférencier reste le premier souci de ce pays. A quelques jours seulement du coup d’envoi officiel de la compétition, la violence ne cesse d’augmenter. Pratiquement, tous les jours on enregistre des actes de violences, des meurtres. Il est utile de le signaler, l’attaque qu’a subi le bus togolais en Angola par le Front de libération du Kabinda a eu un impact important dans le monde. Malgré que l’équipe n’était parmis les favoris, mais puisque c’est une équipe de football cela a donné un aspect mondial à l’évenement. Aujourd’hui, tout le monde craint Cabinda suite à ces violences. Donc, l’enjeu de la sécurité sera de taille. «Si la question raciale dans ce pays a été résolue, la question sociale ne l’est pas encore» confirme M. Pascal Boniface. La réussite de l’évènement sera évaluée selon la même personne sur la réussite du plan sécuritaire. Une chose est certaine, souligne l’orateur, «ce n’est pas l’impact économique direct qui est important, mais ce qui compte vraiment c’est l’image que cela donne, tout en répondant par la suite aux pessimistes qui considèrent l’Afrique comme un lieu de guerres civiles, du sida, de la corruption, de la mal gouvernance et autres phénomènes. Donc c’est une belle opportunité pour l’Afrique de démontrer qu’elle peut réussir à être le centre du monde» a-t-il déclaré.

Pourquoi et comment le football a-t-il pris une telle importance dans le monde?
D’abord explique le conférencier «nous sommes dans un monde globalisé, où il n’a pas un phénomène plus répandu que le football. Et puis, quels sont les signes de la mondialisation ? La réponse, selon M. Boniface, est toute simple : malgré l’économie de marché, la démocratie, et tous les phénomènes qui se sont développés au fur et à mesure au niveau mondial, le football resiste y compris dans les pays qui ne connaissent ni la démocratie, ni l’Internet, ni autre chose, où il se pratique même dans les villages les plus reculés au monde. Le football a conquis le monde de façon pacifique, le soleil ne se couche jamais sur son empire. Cet empire mondial respire la joie. La conquête du monde par le football s’est faite avec non seulement les sentiments, mais aussi à la demande des pays conquis, contrairement aux autres empires qui ont été conquis par la force et la violence. Auparavant les hommes politiques ont voulu exporter la démocratie par la violence, ce fut un échec. Aussi, ils ont exporté le football d’une façon pacifique et c’est un succès, puisque aujourd’hui il n’y a plus une terre qui résiste à la conquête du football. A l’heure actuelle, le football est devenu le stade ultime de la mondialisation. Les grandes vedettes du football sont connues plus que les dirigeants politiques. Comment ce sport-roi a-t-il conquis le monde ? Le conférencier a explique que tout empire a commencé d’abord à façonner la conquête maritime. Les premiers grands clubs ont été créés sur les côtes : le Havre, en France, le Barça en Espagne, et tant d’autres. Ensuite, il a continué sa conquête par voie ferroviaire, pour arriver à un niveau très élevé qui est la radio et la télévision. C’est grâce à la télévision que chacun peut applaudir son équipe. Que se serait-il passé si l’Algérie a perdu la rencontre face à l’Egypte au Soudan. Quelle aurait été la réaction des français s’il n’avait pas égalisé contre l’Irlande (de la main) malgré les critiques par la suite. Maintenant le football existe partout dans le monde, à quelques exceptions près, mais elles sont souvent selon le premier responsable de cet institut, des anciennes colonies Britanniques.

Le football n’a jamais effacé l’identité d’une nation
Au contraire, rassure M. Boniface, le football contribue d’une certaine manière au renforcement de l’identité par la participation des pays aux différentes compétitions internationales. La constitution d’une équipe nationale de football est importante pour tout un pays afin de confirmer son existence. Elle renforce le sentiment d’appartenance. Elle n’a jamais été l’élément principal des conflits, mais l’étincelle qui s’est ajoutée à ce qui existait déjà. Le football a réuni deux pays dont les relations diplomatiques n’existent pas, l’Arménie et le Turquie. Contrairement à ceux qui considèrent que le football est perçu comme une force venant dissoudre les identités nationales, cette discipline en est le plus sûr ciment. Les populations se rassemblent autour de leur équipe nationale, porte-drapeau et symbole consensuel d’une unité mise à mal, a-t-il conclu.

Par : Mourad Salhi

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