La seule langue au monde qui possède un terme spécifique, pouvant désigner le clair de lune est sans conteste le tamazight. En kabyle on prononce le mot "thiziri" (clair de lune) pour souligner que la lumière belle et douce de la pleine lune, éclaire une rivière, un village ou un hameau. Beaucoup de légendes et histoires du terroir mettent en valeur les bienfaits de cette lumière céleste sur les minerais, l’eau et tous les êtres vivants.
"Ath" signifie en Kabyle les gens de… appartenant à… et Ziri n’est que le diminutif de ’’thiziri’’, c’est pourquoi ’’Ath Thiziri’’ étant lourd pour la prononciation, on lui a préféré le diminutif ’’Ath Ziri’’.
Les anciens du village affirment que le nom est attribué par les premiers habitants de la région du fait que le clair de lune dure ici plus qu’ailleurs. D’autres assurent que le village qui se situe sur un sommet bien dégagé, est le premier à être balayé par le rayonnement lunaire et lui donne, le soir venu, une vue paradisiaque.
Pour arriver à Ath Ziri il faut impérativement emprunter le Chemin de wilaya numéro 12 qui relie d’abord Tizi-Ouzou à Azzazga puis le numéro 71 qui longe Aïn El-Hammam pour rejoindre Iferhounène. Une moyenne de soixante kilomètres de route sinueuse et difficilement carrossable à parcourir, pour y parvenir. Ce qui vous frappe le plus juste en pénétrant dans le village, c’est cette végétation luxuriante au milieu de laquelle, les maisons bien alignées et bien entretenues, semblent prendre racine. Les villageois sont bien organisés, ils n’ont jamais compté sur l’aide extérieure, puisqu’ils sont à l’origine de tous les ouvrages réalisés dans le village.
Les habitants de ce village sont volontaires, chaque fois qu’un problème se pose à la collectivité, c’est tout le monde qui se donne la main pour le solutionner. Tous les travaux à la portée de nos citoyens, sont exécutés sans aucune aide de l’État. Les pistes agricoles, l’acheminement de l’eau vers le village, le badigeonnage des lieux publics, l’assainissement, tout est réalisé, grâce au volontariat et aux cotisations des villageois. "Nous avons même pu acheter un camion pour les collectes ménagères", soulignera Dda Saïd un ancien émigré. "Nous avons également cotisé pour construire une bibliothèque, mais nous ne pouvons pas tout faire malheureusement, car il y a des choses qui nous dépassent. Prenez par exemple les infrastructures sportives et socioéducatives, nous dira-il, nous n’avons pas une seule structure du genre, alors que plus de 70 % des habitants du village sont des jeunes".
Une seule école primaire, pas de dispensaire, pas d’aires de jeux, les enfants pour rejoindre le CEM font plusieurs kilomètres, quant aux lycéens leur situation est plus dramatique. En période hivernale, c’est presque le chaos. N’ayant pas de gaz de ville, les bouteilles de butane se font rares. Les transporteurs ont peur d’être bloqués par la neige, donc ils ne montent pas au village. En 2007 le village est resté isolé, nous dit-on pendant plusieurs jours, la neige ayant atteint plus d’un mètre cinquante.
Ce qui urge pour nous, dira l’un des responsables du village en guise de conclusion, c’est d’être raccordé au gaz naturel. Nous avons attiré plusieurs fois l’attention des autorités, nous espérons qu’à travers votre journal nous serons entendus.