Dans plusieurs régions d’Algérie, le tissage du tapis a gardé toute sa spécificité et sa plénitude d’antan. Ni les tentatives d’acculturation engendrées à travers les âges et le temps, ni les genres nouveaux, ne sont arrivés à lui disputer la place privilégiée qu’il occupe depuis la nuit des temps.
En Kabylie cet art est tellement prisé, que des villages entiers se sont spécialisés dans la production artisanale du tapis et réalisent des chefs d’œuvre d’une beauté exceptionnelle. Les régions d’Ath Ichem, de Beni Yenni, de Boghni et des Ath Yedjar sont fort connues pour être présents dans toutes les manifestations culturelles de dimensions nationale et internationale.
C’est dans cette perspective que nous avons rencontré Nouara Aït Rahmoune, une femme de la commune d’Aït Yahia qui, justement, fait partie de ces artisans, qui affectionnent cet art dans toute sa diversité. Les choix de la laine, des couleurs et des motifs, n’ont aucun secret pour cette femme au foyer aux mains de fée. Douée d’une patience à toute épreuve, elle affirme que le tissage du tapis pour elle, est une passion, avant d’être une source de revenus. "Je tiens cet art de ma mère et de ma grand-mère" dit-elle "et je compte le transmettre à mes filles".
Dans chaque modèle confectionne, Mme Aït Rahmoune essaie d’apporter sa touche personnelle. Dans le temps, chaque genre de tapis est spécifique à une famille. On le reconnaît grâce aux motifs qui y sont tissés. Ces motifs selon elle, peuvent exprimer la joie, les sentiments et la richesse. Ils peuvent également exprimer les us les coutumes ou la région dans laquelle l’oeuvre est réalisée.
"Quand je travaille toute seule il me faut presque une semaine pour terminer une œuvre, mais il m’arrive, à l’occasion d’un évènement exceptionnel de me faire aider par mes proches. D’ailleurs, j’ai l’intention, malgré l’exiguïté de ma maison, de créer un atelier d’apprentissage ou toutes les jeunes filles de mon village seront les bienvenues", explique-t-elle. K.Z.