Le maire d’Orange, patron de la ligue Sud, un mouvement d’extrême droite, avait réussi à faire annuler des concerts de Maghreb United à trois reprises à Marseille, Lyon et Seyssins (Isère) fin 2009. Ce même maire avait interdit, dans la même période, d’arborer des drapeaux étrangers dans la mairie ou à proximité lors de mariages. Le drapeau algérien est souvent porté par les familles lors de ces cérémonies et, bien sûr, après les matchs de l’équipe nationale de football.

Samedi dernier à Lyon, des syndicalistes, des militants politiques de gauche ont manifesté pour protester contre la montée du "fascisme" de l’extrême droite. On pourrait penser qu’au moment où le chef de file de cette mouvance, Jean-Marie Le Pen du Front National, 81 ans, annonce qu’il ne se présentera pas aux présidentielles de 2012, l’extrême droite aurait d’autres chats à fouetter que de s’en prendre de nouveau à tout ce qui s’apparente aux étrangers et plus précisement aux Maghrebins. Or elle ne désarme pas sur ce front. Deux élus de la majorité UMP, transfuges du Front National, ont exigé jeudi dernier, dans un communiqué, l’interdiction du concert Magreb United tenu samedi soir au Zenith à Paris. Ce concert, qui est aussi un rassemblement d’une quarantaine d’artistes de rap, de rai et de R’N’B mettait à l’affiche des noms de veritables stars du genre. Reda Taliani, Cheb Billal, Mohamed Lamine, Idir, Amel Bent et les initiateurs le rappeur Rim-K et Seyfu. Rim-K de son vrai nom Abdelkrim Brahim-Benalla a été vainqueur en 2000 du prix de la Victoire de la révélation de l’année avec son groupe 113 en référence au bâtiment qu’ils habitent en banlieue à Vitry. Il avait expliqué dans un communiqué que le thème de cet évènement qui reprend le concept de l’album de 2009 ( disque d’Or) est "l’unité et le partage entre Maghrébins mais aussi entre tous les peuples" . Des propos qui sont loin de calmer la virulence de l’extrême droite affolée peut-être par cette "unité" maghrebine. Le maire d’Orange patron de la ligue Sud un mouvement d’extrême droite avait réussi à faire annuler des concerts de Maghreb United à trois reprises à Marseille, Lyon et Seyssins (Isère) fin 2009. Ce même maire avait interdit, dans la même période, d’arborer des drapeaux étrangers dans la mairie ou à proximité lors de mariages. Le drapeau algérien est souvent porté par les familles lors de ces cérémonies et, bien sûr, après les matchs de l’équipe nationale de football. Huit mois plus tard, ses camarades de l’UMP recidivent. Claude Bodini et Yannick Paternotte ont exigé à leur tour la censure des artistes maghrébins au motif qu’ils mettent à "l’honneur les appels à la haine et à la violence des personnes" et n’ont de "cesse de bafouer et d’insulter tous ceux qui sont chargés de les faire respecter". Les deux élus affirment que le concert est une" provocation" au moment "où nos quartiers souffrent de la perte de tout repère identitaire où la police s’efforce de démanteler les petits trafics de drogue qui minent notre jeunesse". On l’aura compris, Rim-K est particulièrement visé depuis sa chanson "Face à la police" tandis que Seyfu avait eu "La vie qui va avec". A préciser que les deux chansons ne sont pas programmées au concert. Le maire de Paris à qui la demande d’interdiction a été adressée s’est contenté de répondre que la salle de spectacle n’était pas sous sa responsabilité et qu’il ne pouvait intervenir dans sa gestion. Quant à Rim-K et les autres organisateurs, ils n’exluent pas une plainte en diffamation contre les deux élus. Il va sans dire que cette information a certes été donnée par la presse mais aucun de ceux habitués à crier au scandale à chaque atteinte vraie ou supposée à la liberté d’expression n’a réagi. C’est vrai qu’il s’agit d’artistes d’origine algérienne, tunisienne ou africaine ... des enfants d’immigrés.
G. K.