Un coup d’œil au CV de Sotiris Ninis permet de situer rapidement le personnage : plus jeune joueur à avoir reçu le trophée de footballeur grec de l’année en 2007, l’intéressé a également été membre de l’équipe-type du Championnat d’Europe des moins de 19 ans la même année, avec une place de finaliste à la clé. Ninis peut aussi se targuer d’être le plus jeune joueur grec à avoir disputé une compétition européenne, à avoir été titulaire en sélection grecque, à y avoir marqué et, enfin, à avoir été promu capitaine du Panathinaïkos, son club actuel.
On peut ajouter à cette liste le titre national que décrochera probablement le Pana début avril à deux journées du terme, avec six longueurs d’avance sur l’ennemi juré, l’Olympiakos. Bref, du haut de ses vingt ans, Sotiris Ninis n’est pas du genre à perdre du temps. Avec de telles références, rien d’étonnant à ce que le jeune homme soit courtisé par de grosses écuries européennes telles que Manchester United, Arsenal, l’AC Milan ou le Real Madrid.

Plus jeune international grec
Né en Albanie et d’origines grecques, ce milieu offensif a pour lui une technique impeccable, une vision du jeu surprenante, une vitesse étourdissante et une frappe des 20 mètres plus qu’honorable. Autant de qualités qui ont accéléré sa progression au travers des catégories jeunes du football hellène. Un an après son arrivée chez les U-19, le jeune prodige était déjà appelé en équipe A.
La nouvelle de cette première convocation par le technicien allemand Otto Rehhagel ne manque pas de susciter un large écho parmi les médias nationaux. "C’est un rêve qui devient réalité et une source de motivation supplémentaire pour travailler encore plus dur et continuer de progresser", déclare alors un Ninis aux anges, trois jours avant d’affronter Chypre en amical le 19 mai 2008.
Galvanisé par sa sélection, Ninis ouvre même le score pour permettre aux siens de l’emporter 2:0. Mais malgré cette entrée en matière on ne peut plus réussie, son nom n’est pas retenu dans la liste composée par le Roi Otto pour défendre le titre européen en terres autrichiennes et suisses.

Son odyssée à lui
La trajectoire jusqu’ici fulgurante de ce surdoué connaît ensuite quelques soubresauts. Toujours aussi inspiré, Ninis consolide chez les jeunes sa réputation déjà flatteuse. Mais après de nouvelles convocations en senior, des blessures viennent freiner l’ascension du nouvel astre du football grec.
Son parcours avec le Panathinaïkos suit la même courbe. Le natif d’Himarë effectue ses débuts en vert et blanc sous la coupe du technicien espagnol Víctor Muñoz, à la fin de la saison 2005/06, lors d’une rencontre face à Egaleo.
Sa prestation lui vaut alors d’être élu meilleur joueur de la journée. "Joue comme à l’entraînement", lui aurait glissé Muñoz avant son entrée en jeu, pour sa première apparition en championnat grec. Sans attendre le terme de la saison, le Panathinaïkos lui fait signer un contrat professionnel.
Au début de l’exercice 2007/08, il doit faire face à diverses blessures, qui, ajoutées aux décisions de l’entraîneur Jose Peseiro, le maintiennent écarté de l’équipe première tout au long de la saison.
Les choses changent l’année suivante avec l’arrivée d’Henk ten Cate sur le banc du Pana. Celui-ci fait confiance d’emblée à Ninis en lui remettant l’un des trois brassards de capitaine de l’équipe. Un adoubement auquel le droitier a su faire honneur : il a notamment joué un rôle clé lors de la victoire des Athéniens face à l’AS Rome au Stadio Olimpico, en seizième de finale de l’Europa League, avec une réalisation, une passe décisive et un penalty provoqué. Il semblerait que Ninis ait maintenant trouvé son rythme de croisière.
Peut-être obtiendra-t-il la reconnaissance mondiale en Afrique du Sud et quittera-t-il Athènes pour aller embraser d’autres stades européens ? Peut-être donnera-t-il à la Grèce son premier titre de champion du monde ? Peut-être doit-il, à l’image d’Ulysse, poursuivre son odyssée personnelle aux confins de l’Afrique pour être ensuite accueilli chez lui en héros ? Les conjectures ne manquent pas, mais une chose est certaine : Ninis sera résolument au centre de l’attention. AFP