Le théâtre des minorités n’est pas une notion théorique et abstraite. Ce théâtre existe bel et bien et appartient désormais à la réalité de notre époque. C’est là le constat que viennent de dresser les critiques de théâtre et des chercheurs dans les arts théâtraux.
Le théâtre des minorités n’est pas un genre découlant d’une construction artistique qui serait l’œuvre d’une école particulière mais il est un genre qui s’est construit partout dans le monde par les communautés humaines minoritaires. L’université d’Avignon, en France, projette d’organiser du 8 au 10 décembre 2010, la 3e édition du colloque international sur le théâtre des minorités pour «approfondir la réflexion élaborée au cours des deux premiers colloques». Un appel à chercheurs a été lancé par cette université en vue de recueillir des propositions de communication, soit en français ou en anglais, pour ces journées d’études. L’Université d’Avignon justifie cet appel en relevant que «sur tous les continents, dans les contextes les plus variés (post-coloniaux ou pas), le théâtre contemporain est riche d’expériences qui cherchent à donner une visibilité à des communautés humaines que l’on perçoit (ou qui se perçoivent) comme minoritaires. Qu’elle soit de nature linguistique, ethnique, politique, sociale, culturelle ou sexuelle». Evidemment, du côté de chez nous, on aura de la peine à qualifier de minoritaire le théâtre amazigh dès lors qu’officiellement il se pose comme un théâtre national. C’est dire la complexité qu’il y a à faire usage de cette nouvelle notion relative au théâtre. Le théâtre minoritaire cesse-t-il d’être minoritaire dès lors que les instances officielles reconnaissent la communauté qui le porte ou continuera-t-il à exister malgré tout ? Mais les initiateurs de l’appel soutiennent que «la revendication minoritaire trouve dans les arts de la scène un medium privilégié» et d’ajouter que «peut-être parce qu’il (le théâtre, ndlr) a lui-même à voir avec les notions de centre et de périphérie, de conformisme et de marginalité, de domination et d’inféodation, notions qu’il ne cesse d’interroger ou de faire jouer, le théâtre sait se mettre à l’écoute du malaise identitaire, pour lui donner une résonance universelle». Une des questions sur laquelle veut plancher le colloque est celle-ci : «pourquoi le théâtre, cet art réputé bourgeois, voire élitiste, a-t-il des affinités avec les marges de toutes sortes?»
L’université d’Avignon compte aussi élargir la réflexion au cas des théâtres «ciblés»,«qui se présentent comme réservés à un type de spectateurs clairement défini : spectacles jeune public, théâtre en entreprise, théâtre thérapeutique, théâtre à vocation pédagogique, théâtre gay etc.» L.G.