La Roja n’arrivera pas en Afrique du Sud 2010 les mains vides. Elle aura dans ses bagages plusieurs perles rares, promises à de belles choses. La nouvelle génération du football chilien s’était illustrée pour la première fois à la Coupe du Monde U-20 de la FIFA, Canada 2007 en produisant un football léché, qui lui avait permis de décrocher une excellente troisième place.
Dirigés à cette occasion par l’expérimenter José Sulantay, qui était déjà aux commandes pour Pays-Bas 2005, ces jeunes Chiliens formeront l’ossature de l’équipe emmenée par l’Argentin Marcelo Bielsa en Afrique du Sud. Arturo Vidal (Bayer Leverkusen, Allemagne), Alexis Sánchez et Mauricio Isla (Udinese, Italie), Gary Medel (Boca Juniors, Argentine), Carlos Carmona (Reggina, Italie), Hans Martínez et Cristopher Toselli (Universidad Católica, Chili) sont quasiment certains de faire partie de la liste des 23 Chiliens retenus pour la Coupe du Monde de la FIFA 2010. Parmi eux, cinq joueurs au moins sont titulaires indiscutables en club comme en équipe nationale, où la moyenne d’âge avoisine les 27 ans.
"J’ai l’impression d’être un instituteur dont les élèves sont en train de devenir médecins ou ingénieurs. C’est un vrai bonheur de voir que ces garçons forment la base de l’équipe qui s’est qualifiée pour la Coupe du Monde", commentait Sulantay après l’obtention du billet mondialiste par le Chili. "Grâce à Dieu, cette génération est tombée entre les mains de Bielsa. Moi, je leur ai inculqué un changement de mentalité, afin qu’ils soient prêts à affronter n’importe qui, sans appréhension, en pratiquant un football moderne. Avec moi, le Chili est devenu une équipe différente. Avec Bielsa, il s’est passé la même chose. Nous avons aujourd’hui une autre sélection chilienne", confiait le technicien au quotidien chilien El Mercurio.
Trois hommes à suivre
Sur ces sept joueurs régulièrement appelés avec la Roja, Alexis Sánchez, Carlos Carmona et Gary Medel comptent le plus grand nombre de sélections sous l’ère Bielsa. Sánchez est le joueur emblématique de cette génération. Attaquant à l’Udinese, en Serie A italienne, il possède un dribble et une vitesse démoniaques.
El Niño Maravilla (l’enfant prodige) a fait parler de lui pour la première fois dès l’âge de 16 ans à Cobreloa, avant de rejoindre Colo Colo, puis River Plate. À 22 ans, il serait suivi de près par quelques-uns des plus grands clubs européens. Buteur à trois reprises et auteur d’une pléthore de passes décisives lors des qualifications pour l’Afrique du Sud 2010, au cours desquelles le Chili a marqué la bagatelle de 32 buts, Sánchez est un joueur réservé. C’est balle au pied qu’il s’exprime le mieux. Il utilise l’art de l’esquive aussi habilement face à ses adversaires que devant les journalistes. Carlos Carmona, de son côté, a déjà participé à deux Coupes du Monde U-20 de la FIFA. Infatigable dans son rôle de milieu de terrain récupérateur, Carlitos est doté d’une frappe puissante. En outre, il est l’un des as de la console, passe-temps privilégié lors des stages de préparation de la sélection chilienne. Dans l’entrejeu, il est souvent associé à Gary Medel, qui se distingue lui par sa puissance, sa combativité et son habileté balle au pied. Le Pitbull s’approche avec une facilité déconcertante de la surface adverse et sait parfaitement finir le travail. Il l’a prouvé dans les qualifications pour Afrique du Sud 2010 en inscrivant deux buts cruciaux dans les hauteurs de La Paz, où le Chili a battu la Bolivie 2:0. Né dans un quartier difficile de Santiago, il joue actuellement à Boca Juniors. Si les Xeneizes traversent une période difficile, ce n’est pas le cas de Medel, qui constitue l’une des rares et grandes satisfactions du club mythique argentin.
Seul bémol pour Arturo Vidal et Mauricio Isla par rapport à l’Afrique du Sud :
les deux garçons ont eu la mauvaise idée de se disputer avec Bielsa en début de qualifications pour la Coupe du Monde de la FIFA. Le stratège argentin a donc décidé de se passer d’eux. Cela dit, leurs performances dans les championnats d’Allemagne et d’Italie respectivement ont fini par les faire revenir en grâce.
Vidal acquiert peu à peu maturité et maîtrise au Bayer Leverkusen, où il évolue aussi aisément à l’arrière qu’au milieu de terrain, grâce à un bagage technique énorme. Isla, quant à lui, est passé sans transition des terrains vagues de Buin, son village natal, aux équipes de jeunes de l’Universidad Católica et, plus récemment, à la première division italienne avec l’Udinese. À l’image de ce qu’il avait fait avec son compatriote Javier Mascherano, Bielsa a lancé Isla en équipe du Chili alors que le jeune homme n’avait encore jamais évolué avec les professionnels. Les deux hommes comptent bien être présents en Afrique du Sud et n’en font pas mystère. "En 2010, je veux être champion d’Allemagne avec le Bayer Leverkusen et champion du monde avec le Chili", annonce Vidal. Personne ne l’accusera de fausse modestie...
Le gardien Cristopher Toselli et le défenseur Hans Martínez, de l’Universidad Católica tous les deux, sont les derniers larrons de cette jeune garde chilienne. Toselli détient le record d’invincibilité dans une Coupe du Monde U-20 de la FIFA, avec 492 minutes sans encaisser de but. Martínez, pour sa part, a marqué les esprits en offrant à son pays la troisième place à Canada 2007 sur un coup de tête autoritaire, lors de la "petite finale" contre l’Autriche.
Sept noms, sept motifs d’espoir, sept perles rares. "Nous n’irons pas en Afrique du Sud pour faire de la figuration", annonçait Isla il y a quelques semaines. La Roja débutera dans la compétition le 16 juin à Nelspruit, contre le Honduras. Forts de leur courte mais déjà riche expérience, les sept jeunes Chiliens ont les arguments footballistiques pour faire parler d’eux, cet été en Afrique du Sud.