L’anarchie qui régnait en cette nuit de dimanche au lundi derniers au sein du service des urgences de l’hôpital de Zeralda est très significative de la non gestion de ce genre de structures. Et pour cause dès que vous franchissez le seuil du service, qui sert aussi de salle d’attente, vous êtes aussitôt édifié sur le rôle que jouent les agents de sécurité, d’hygiène et certains paramédicaux dans «le tri» des malades.
Ceux qui comme nous ont attendu patiemment leur tour, bien qu’accompagnant un parent qui venait de faire un pic de tension, se sont heurtés à chaque fois qu’il ont tenté de mettre en exergue l’urgence, à un catégorique «les asthmatiques et les cardiaques d’abord !» répété en boucle par un gardien barricadé derrière la porte du service des urgences.
Une parade pour faire passer en priorité copains et voisins, sans s’attirer les foudres des malades et de leurs accompagnateurs contraints d’attendre dans une salle frigorifiée du fait que la porte de ladite salle, qui donne sur la cour de l’hôpital, reste en permanence grande ouverte.
Le temps parait interminable, la salle d’attente ne désemplit pas, les consultations vont cahin-caha. Renseignements pris, il n’y a qu’un seul médecin de garde en cette soirée du dimanche 14 mars 2010. «D’habitude il y en a deux», se «désole» un agent de sécurité pour tenter de calmer un septuagénaire qui a fini par sortir de ses gonds. Une colère qui lui a immédiatement donné accès au service des urgences, où nous patientions depuis plus d’une heure déjà et où deux femmes, l’une en tenue de travail, l’autre vraisemblablement une connaissance venue «gratter» un ECG papotaient, s’esclaffaient, se permettant même d’apostropher des malades, faisant totalement fi de la tranquillité de ceux qui se trouvent dans la salle de soins, tous en piteux état.
Ce qui se passe dans la salle de soins laisse perplexe : deux infirmiers s’occupent à dispenser les soins préconisés par le médecin de garde, autour de certains malades, on peut compter jusqu’à cinq accompagnateurs, les téléphones portables ne cessent de sonner, on y répond à voix haute, avec des fous rires et parfois même proférant des insultes. Personne ne trouve à redire et surtout pas les permanenciers du service des urgences de l’hôpital de Zeralda. Rien ne semble les déranger, même pas le fait que l’un des chats, qui habitent la salle, ronronne tranquillement dans l’armoire à pharmacie. Très facile d’accès pour toute personne étrangère au service se trouvant dans la salle des soins, puisque les infirmiers une fois leur «tâche» finie se retirent dans un box. Une dame visiblement surprise par le fait que l’armoire à pharmacie soit grande ouverte en dépit des médicaments qu’elle contient et qu’elle est censée protéger interpelle un des infirmiers. Ce dernier se contentera de pousser la porte, de la «fermer» avec un bout de papier et de répondre à la «préoccupation» légitime de la dame par un «c’est normal» «c’est pas méchant». Une remarque qui résume l’état d’esprit régnant dans cette structure où trônent en maîtres incontestés la négligence et l’anarchie.
Lakhdari Brahim