Le chanteur français, Jean Ferrat, est décédé samedi près de chez lui à l’âge de 79 ans. Il s’est éteint alors que sa famille était réunie autour de lui vers 13 h30 à l’hôpital d’Aubenas, à une quinzaine de km de son village d’adoption Antraigues-sur-Volane, dans le département de l’Ardèche, au sud de la France.
L’artiste a été admis dans la matinée à l’hôpital suite à des complications dues à un cancer. La maladie l’avait complètement isolé du reste du monde, si tant que ses apparitions publiques avaient cessé depuis déjà deux ans et ses relations avec l’extérieur ne se faisaient que par écrit. Jean Ferrat, de son vrai nom Jean Tenenbaum, est né le 26 décembre 1930 dans la région parisienne à Vaucresson (Hauts-de-Seine). Il est issu d’une famille juive venue de Russie. Il a 11 ans lorsque les nazis déportent son père qui était joaillier à Auschwitz où il meurt. Quant à lui, il a pu échapper à leurs griffes grâce à des militants communistes qui le cachent. Il est l’auteur de quelque 200 chansons ayant pour thématique l’engagement, les hommages à Louis Aragon et l’Ardèche. Ami du Parti communiste français sans y avoir adhéré, le chanteur a fait ses premiers pas dans le monde artistique en faisant du théâtre amateur et en jouant à la guitare. Il a chanté d’abord pour ses amis les chansons de Jacques Prévert ainsi que le répertoire d’Yves Montand. Lycéen, il doit, à 15 ans, abandonner sa scolarité afin d’aider sa famille. Sa mère est fleuriste. Parallèlement, il entame des études de chimie qui lui permettent de devenir aide-chimiste en 1954. Mais c’est la chanson qui le captive. En 1956, il compose la musique pour «Yeux d’Elsa», un poème d’Aragon. La carrière de Jean Ferrat débutera véritablement en 1959 lorsqu’il rencontre Gérard Meys, qui va s’occuper de l’édition de ses oeuvres. Il obtient son premier succès en 1960 avec la chanson «Ma Môme» qui est son second 45 tours. En 1961, il sort son premier 33 tours et reçoit le prix de la SACEM. C’est en 1962 qu’il rencontre Isabelle Aubret avec laquelle il se lie d’amitié. Ferrat lui écrit «Deux enfants au soleil», un titre qui va lourdement peser dans la carrière de la chanteuse. Connu pour son engagement anticapitaliste et antisoviétique, Ferrat a dénoncé dans la chanson «Camarade», l’invasion russe de Prague en 1968 comme il a critiqué dans la chanson «Le Bilan», Georges Marchais, alors secrétaire général du PCF qui tirait un satisfecit des régimes socialistes. Partisan de l’art pur et sincère, Ferrat n’a eu de cesse de fustiger le showbiz et le système commercial qui font planer selon lui le danger sur les créations musicales et la poésie. Il a notamment publié des lettres où il a dénoncé la primauté des considérations financières sur les œuvres artistiques véritables.
L.G.