La judokate algérienne, Salima Souakri, est plusieurs fois championne d’Afrique et également cinquième place au niveau mondial. Malgré son âge soi-disant avancé, cette athlète s’accroche toujours devant les différents défis. Cette ancienne sociétaire du MCA, reine du tatami, totalise plus de dix titres africains. L’entraîneur de la sélection nationale féminine reste optimiste quant aux progrès accomplis par le judo féminin algérien. Grosso-modo, Salima Souakri, avec sa carte de visite riche en titres, est devenue un symbole du judo féminin. Cette puissante et séduisante sportive algérienne affirme que cet art martial, plutôt monopolisé par les hommes, attire de plus
en plus de filles en Algérie.
Dans cet entretien, Salima Souakri revient sur la pratique du judo féminin en Algérie et son niveau ainsi que son programme de préparation en prévision
des échéances internationales.
Pouvez-vous nous donner une petite lecture de la pratique féminine de cette discipline en Algérie; est-ce réellement le retour ?
Oui, c’est le grand retour. Avant c’était vraiment difficile pour une fille de pratiquer n’importe quelle discipline. Concernant cet art martial, je dirais que ce n’était pas évident pour nous car il était plutôt monopolisé les hommes. Maintenant que les choses ont changé, les mentalités deviennent au fil du temps plus ouvertes, les filles gagnent au fur et à mesure leur place sur les tatamis. En matière de chiffres je peux vous assurer qu’avant, on avait quatre catégories d’âge seulement, mais actuellement, il y en a sept et dans chacune d’elles, on a plus de 25 athlètes; ce qui veut dire que la pratique féminine de cette discipline progresse davantage. Toutes les filles veulent devenir comme Salima ou d’autres athlètes qui se sont distinguées que ce soit au niveau national ou international. La pratique féminine de cet art explose suite aux résultats obtenus par les uns et les autres. Par exemple, moi quand j’ai débuté le judo il y avait peu de filles, alors qu’aujourd’hui c’est tout à fait le contraire. Je suis très confiante qu’il ait plus de filles qui pratiqueront le sport à l’avenir, car le sport, avec tous les changements, n’est plus un tabou.
Vous étiez athlète et aujourd’hui à la tête d’une sélection nationale. Comment voyez-vous le niveau du judo algérien, notamment celui des filles ?
Le niveau du judo algérien est satisfaisant. Avant, les judokas n’étaient pas rémunérés, en fonction de leurs résultats, et n’étaient pas pris en charge par quiconque; maintenant avec les primes et autres et de la bonne volonté, les athlètes enregistrent de plus en plus de bons résultats. Pas mal d’athlètes ont bel et bien représenté les couleurs nationales dans plusieurs compétition internationales. Je sais qu’avec encore une meilleure prise en charge, les athlètes feront mieux. Sincèrement on a une bonne relève à laquelle je prévoit un avenir radieux. J’aimerai bien que chaqu’un de nous pense à eux, et que les autorités mettent à leur disposition tout ce qu’il faut pour aller de l’avant. Certes, deux de nos athlètes ont pris leurs retraites et deux autres sont blessés, mais je tiens à vous assurer que la relève existe. Ma politique actuelle consiste à rajeunir la sélection nationale et me baser essentiellement sur la formation. Jusqu’à maintenant j’ai mis la barre très haute, la sélection nationale devrait être renouvelée par des jeunes en prévision des échéances internationales.
Justement, quelles sont ces échéances et y aura-t-il un programme spécifique pour la sélection nationale en vue des compétitions internationales ?
Effectivement, un riche programme nous attend en prévision de ces compétitions internationales. D’abord, je tiens à préciser que la sélection nationale a effectué une tournée européenne il a quelques jours, lors de laquelle ont a participé à plusieurs tournois internationaux dont celui de paris où on a arraché la troisième place. Je trouve que ce résultat est vraiment magnifique pour nous et encourageant également pour la suite du long travail qui nous attend. On a fait aussi un stage en Tunisie. Pour le reste du programme, je dirais qu’on a d’autres stages à l’étranger notamment celui en Allemagne et en Pologne. Le dernier stage international sera en Russie ensuite l’équipe nationale regagnera le pays pour les dernières retouches à alger. Puis, on aura le championnat d’Afrique qui se déroulera cette année au Cameroun. Je dois dire, que toute victoire est une conséquence d’un travail de longue haleine. Nous avons une image de marque à défendre lors de ces échéances donc, nous n’avons pas le droit à l’erreur. Je suite très confiante des qualités de mes judokas. Sincèrement, nous sommes en train de préparer une équipe d’élite féminine d’avenir. Je suis très optimiste pour l’avenir du judo algérien et sûre qu’il va aller de l’avant. Je ne terminerais pas sans dire que la sélection algérienne féminine du judo est actuellement parmi les cinq premiers sélections au classement mondial cela veut dire que le judo algérien va bien.
L’Algérie vient juste de célébrer, comme tous les pays du monde, la journée mondiale de la femme; c’est peut-être une occasion pour vous de transmettre un message aux femmes algériennes en général et aux sportives en particulier …
Absolument, c’est une occasion de dire que le sport en général et cet art martial qui est le judo en particularité n’est plus une propriété de l’homme. Sensibiliser les femmes pour pratiquer le sport doit se faire pendant toute l’année. Certes, au début, ce sont les hommes qui pratiquaient le sport, surtout avec tout ce qui s’est passé notamment dans les années 90; la pratique féminine du sport a connu une nette régression. Mais maintenant, que les choses vont bien, le pays connait une stabilité, je ne vois pas de raisons pour que les filles ne pratiquent pas le sport. Au contraire, les mentalité ont changé, le sort féminin n’est plus un tabou, la fille peut choisir n’importe qu’elle discipline, même le football.
M. S.