Le pain qui se vend sur les trottoirs près des égouts, la sardine à 300 DA le kg exposée au soleil toute la journée, les petits revendeurs qui écoulent des produits périmés, voilà le spectacle quotidien qu’offre la place du grand marché. Les marchands, sans aucun scrupule, se sont donné le mot pour déplumer le pauvre père de famille. C’est le règne de l’anarchie avec une spéculation éhontée. Le prix de la pomme de terre demeure toujours élevé. Nous avons demandé l’avis de Ferhat Aïssa, fellah de père en fils : "Pour toutes ces opérations frauduleuses, c’est le pauvre petit fellah qui subit la loi des ‘grands’ qui achètent à bas prix, stockent dans les froigos pour créer volontairement la pénurie, causant ainsi une grande tension. Tenez, comparez les prix : nous écoulons notre récolte à 8 DA et elle arrive au marché à 40 DA ! C’est du vol caractérisé tout simplement !" Quant aux fruits, il vaut mieux ne pas en parler car l’orange qui se vend à 180 DA le kg a détrôné depuis longtemps la banane qui est cédée à 90 DA. Il y a aussi des étalages réservés aux riches. Vous pouvez trouver des poires du Mexique à 500 DA le kg, du raison d’Espagne à 400 DA le kg, des oranges du Maroc à 300 DA, des prunes de France à 500 DA le kg… Le père de famille est déboussolé. M. Benameur, un fonctionnaire, père de cinq enfants se confie : "Voilà, c’est le bouquet ! Avec toutes ces augmentations qui touchent les légumes secs, la viande est à mille dinars le kg alors que la sardine, qui était le plat du pauvre, elle est cédée à 300 DA le kg. Il faudra trouver des solutions magiques pour préparer un simple repas." Sur le plan de l’hygiène, c’est lamentable : sur les tables des bouchers sont alignés des abats recouverts de mouches. Pour les merguez, prière de s’abstenir, car elles sont préparées avec des restes et des déchets. Dans tout cela, où son les services de contrôle et de la qualité ? A qui profite ce laxisme ? pourtant, selon les informations recueillies, la Direction des services de contrôle à Aïn Defla possède plusieurs équipes d’intervention, mais la réalité est tout autre sur le terrain. Nous terminons par cette réflexion d’un sage rencontré au marché de la ville : "Que veux-tu mon frère ? Les gens manquent d’éducation, ils acceptent tout, achètent sans marchander et font fi des règles d’hygiène !" C’est, en effet, une triste réalité.
C.-E. M.