Lors de la cérémonie du coup d’envoi, lundi soir, du 1er forum sur l’information culturelle à la salle El Mougar à Alger, Khalida Toumi, ministre de la Culture et Azzedine Mihoubi, secrétaire d’Etat chargé de la communication, ont invité la presse nationale à refaire ses classes. Cette dernière, à leurs yeux, gagnerait à se «former si elle venait à exprimer sa volonté à aller dans ce sens».
Interrogée en marge de ce Forum qui se veut un nouvel espace (une sorte d’association réunissant gens des médias, universitaires et consultants des pouvoirs publics), Khalida Toumi a expliqué que le partenariat qu’elle souhaite voir établir entre la presse culturelle et le département dont elle a la charge ne peut avoir lieu que «si la presse en fasse la demande». «Dans un partenariat, il y a deux parties; si on a besoin de nous, nous sommes là, si on n’a pas besoin de nous, il n’y a aucun problème» a-t-elle dit. Et d’ajouter : «si on a besoin de nous, il faut se mettre autour d’une table; ma conviction est que les problèmes qui se posent à l’Algérie ne sont pas d’ordre financier ou autres mais ils relèvent de la formation des ressources en personnel». «Je pense que les gens de l’information connaissent leurs besoins; si le Forum relève qu’il y a un déficit certains secteurs de la culture, nous sommes à leur disposition pour essayer de trouver des solutions» a-t-elle poursuivi. Khalida Toumi a loué les spécialistes de son ministère tout en exhortant la presse à s’attacher, en cas de besoin, leurs services. Elle a cité quelques noms dans les arts visuels : Ahmed Bejaoui, Mohamed Djehiche, Dalila Oreffane et Mustapha Orif. «S’il y a des projets à financer, si on voit qu’ils servent l’intérêt général, pourquoi pas ? Tous les ministères de par le monde financent les projets qui servent l’intérêt général», a-t-elle lancé. Répondant à une question du Midi Libre relative à la difficulté de créer des revues culturelles au regard de l’importance des ressources financières que de tels projets exigent, Khalida Toumi précise que «les revues, ça relève du secteur de la Communication; l’Etat algérien est organisé d’une manière très précise; il y a un fonds au niveau du secrétariat de la Communication et on peut vous aider, il n’y a aucun problème, l’important est d’avoir un projet qui tienne le coup». Et d’ajouter : «ce sur quoi j’insiste, c’est la formation, on n’est jamais assez formé; on apprend à tous les âges, mais on ne peut pas le faire; je le dis avec beaucoup de respect, on ne peut pas faire du journalisme culturel sans formation; je sais que l’Institut de formation en communication ne peut pas tout faire; les journalistes qui veulent se spécialiser dans les pages culturelles, dans la couverture culturelle ont besoin de formation. On ne peut pas couvrir la sortie d’un film si nous n’avons pas un minimum de connaissance sur l’histoire du cinéma dans le monde et l’histoire du cinéma algérien». «On ne peut pas, poursuit la ministre, couvrir un film comme une Khalida Toumi, c’est-à-dire, une Khalida Toumi qui n’est pas journaliste chargée de couvrir un film; celui qui couvre un film est un critique de cinéma, il connait la différence entre le producteur et le réalisateur, il y a des choses mêmes techniques, qu’il est obligé de maitriser». Et de poursuivre : «alors quand je parle de partenariat, je sais au moins que le ministère de la Culture peut mettre à la disposition de cette association qui est née (Forum ndlr), les formateurs qui viendront expliquer un certain nombre de choses».
Quant à Azzedine Mihoubi, il a déploré la situation dans laquelle se débat la langue arabe. Selon lui, «on n’utiliserait aujourd’hui que 12.000 et 15.000 mots du lexique de cette langue qui en compte 12.380.412, le reste est relégué au musé». Il a relevé que la plupart des gens qui lancent des publications s’orientent vers les publications rentables, qui font rentrer de l’argent et délaissent celles qui traitent de la culture. «Chaque matin, a-t-il ajouté, je feuillette pendant une heure ou une heure et demie les 80 quotidiens qui existent. Malheureusement, c’est avec une grande peine, que je le fais, au regard du niveau de la langue, de l’expression écrite et de la construction du discours» .
L. G.