L’agriculture biologique repose sur des procédés naturels ce qui protège, à la fois, l’homme et la nature par la pratique de la jachère (une terre labourable non cultivée une saison afin de lui permettre de se reposer et de se débarrasser des parasites) et de l’utilisation d’engrais naturels ou organiques, tels que le fumier ou le guano (excréments d’oiseaux ou encore fiente). A contrario, la culture dite «intensive» vise le rendement, en utilisant des engrais minéraux ou chimiques de synthèse comme les nitrates artificiels ou encore les phosphates. Cela donne, certes, de beaux et gros fruits et légumes, mais sans aucune saveur avec, en plus, des effets pervers, à terme, sur la santé de l’homme, d’une part, car les aliments sont dépourvus de magnésium, qui est nécessaire à la transmission nerveuse, et sont à forte teneur en potassium, ce qui peut être à l’origine de déshydratation et, d’autre part, les engrais artificiels ont des conséquences désastreuses sur la nature. Aussi, les sols subissent une dégradation et les nitrates qui se propagent également dans les cours d’eau suppriment leur oxygène ce qui entraîne leur pollution. Enfin, l’emploi de pesticides vient achever l’environnement. A la vue du désastre occasionné par la culture intensive, il fallait trouver de nouvelles méthodes permettant le respect de l’environnement et de l’homme tout en ayant des produits de qualité avec des récoltes abondantes. M. Farid Mazouz, agriculteur et fabricant d’engrais bio a Réghaïa, en parfait écologiste, lutte inlassablement pour une agriculture biologique et saine. Il est convaincu qu’en utilisant un compostage naturel et des insecticides d’origine végétale, on fera pousser les céréales, les fruits et les légumes dans de bonnes conditions et on aura, en même temps, des produits de qualité avec des récoltes abondantes.
Midi Libre : M. Mazouz, comment en êtes-vous arrivé à l’agriculture bio ?
F. Mazouz : Ce qui m’a poussé le plus à créer cette unité de production d’engrais biologique et que le monde moderne s’est tourné vers l’agriculture biologique. Les recherches scientifiques ont prouvé que les engrais chimiques sont la cause de la plupart des cancers. En parallèle, nos petits agriculteurs ont abandonné leurs terres car les prix des engrais chimiques, aussi néfastes soient-ils pour la santé de l’homme et de l’environnement, ont connu une forte augmentation, dépassant les 6 mille DA pour 100 kg, et notre engrais biologique, élaboré selon les meilleures normes scientifiques européennes, ne dépasse jamais les 9 mille DA pour 100 kg. Si le ministère de l’Agriculture accepte de nous aider, on pourra changer tout ça, et tout le monde sera gagnant. Le consommateur sera protégé et le prix des produits agricoles baisseront. Les agriculteurs pourront produire le bio et pourront exporter. L’Etat donc gagnera des sommes énormes qui peuvent être investies dans d’autres projets agricoles et aussi cela nous permettra de protéger nos sols pour les générations futures. Voyez vous-même les désastres engendrés par l’agro-intensive. L’environnement souffre de plus en plus des effets des pesticides. La situation de nos cours d’eau sont victimes des agissements néfastes de l’homme. Faute de protection, ils sont devenus des égouts à ciel ouvert. Or, si nous, les partisans de la culture biologique, bénéficions d’aide adéquate du ministère de l’Agriculture, nous pourrions baisser de moitié l’utilisation d’engrais artificiels à moyen terme C’est-à-dire d’ici trois ans.
Quels sont les avantages du compost biologique ?
Le compost est un engrais qui contient des éléments nutritifs tels que l’azote, le potassium et le phosphore. On le qualifie plutôt d’amendement pour le sol ou de traitement visant à lui rendre la matière organique et la vie biologique. En effet, le compost aide le sol à retrouver son écosystème et améliore la croissance des végétaux. Il a été démontré que les plantes qui poussent dans un sol contenant du compost ont un meilleur rendement, car le compost ajoute non seulement la matière organique au sol mais aussi des oligo-éléments, ingrédient nécessaire à la croissance des plantes. Depuis plus de 30 ans on a pollué et appauvrit les sols car on nourrissant directement les plantes avec les engrais chimiques au lieu de nourrir le sol qui nourrira ensuite les plantes, le sol s’appauvrit et la faune qui le fait vivre disparaît, et de ce fait le sol devient un simple support mort. Les recherches ont prouvé que le compost guérit les maladies de splantes grâce aux oligo-éléments qu’il contient.
Donc, la culture appellée «intensive», qui est à base de produits chimiques, n’est qu’un système dopant, nocif pour la santé ?
La culture intensive s’est développée, en effet, dans le but d’augmenter la productivité, L’usage de certaines substances chimiques a permis d’obtenir une croissance rapide et un rendement jamais atteint auparavant. Toute cette évolution s’est faite dans une insouciance totale de l’environnement et au détriment de la qualité des aliments obtenus. Car, bien sûr, la qualité n’est pas la même que celle obtenue avec un végétal qui pousse dans des conditions normales. Une durée minimale et un espace suffisant sont nécessaires pour qu’un végétal se développe normalement et puise ses ressources dans le sol. En le dopant, on peut le faire pousser plus vite mais il n’aura pas le temps de puiser dans le sol tous les nutriments dont il a besoin pour s’épanouir. Et ce n’est pas un effet du hasard si tant de personnes souffrent de carences en magnésium. Les analyses nous montrent que la teneur en magnésium des produits issus de culture aux engrais chimiques est presque nulle avec, par contre,, une augmentation démesurée de la teneur en potassium. Ne pas oublier également la toxicité des pesticides, car on ne compte plus le nombre de personnes qui ont des maux d’estomacs après avoir mangé des légumes et des fruits cultivés par ces moyens de synthèse.
L’environnement également a beaucoup souffert de la culture intensive. On ne compte plus le nombre d’espèces d’insectes et d’oiseaux qui ont disparu à tout jamais. La qualité de l’eau arrive à un point critique et les terres deviennent stériles.
Quel est, selon vous, le meilleur engrais pour l’agriculture ?
Dans nos essais et tous les essais tentés de nos jours, il ressort que le fumier de cheval est celui qui donne les meilleurs résultats. Ainsi, le compost a pour but d’optimiser l’action car on le traite et on l’enrichit avec de la farine animale ou fiente de volailles. Le compost est d’autant plus utile dans les sols sablonneux, car dans ce type de sol, il y’a de l’espace entre les particules de roche ce qui entraîne un drainage très rapide de l’eau vers les profondeurs, emportant du même coups tous les éléments nutritifs. Or les engrais biologiques fixent ces particules les unes aux autres et retiennent ainsi l’eau. Concernant les sols argileux où les espaces entre particules sont quasi inexistants, l’air n’y pénètre donc pas, seul le compost permet justement l’aération des sols argileux.
Avant de conclure, pouvez- vous nous évoquer quelques autres motivations de la culture et du compost biologique ?
Le compost est un ingrédient essentiel et indispensable du jardin naturel. Il est le principal fertilisant obtenu par un processus de recyclage.
C’est une méthode de traitement biochimique qui consiste à utiliser l’action de divers organismes pour décomposer sous contrôle (aération, température, humidité) et de façon accélérée en vue d’obtenir un amendement organique stable, d’un point de vue biologique
- Avoir un potager, des plantes et des fleurs qui sont robustes et en bonne santé ;
- Rendre à la terre ce qu’elle nous a donné ;
- Nourrir le sol qui nourrira les plantes ;
- Diminuer de 40% le volume des déchets et ainsi réduire la pollution ;
- Substituer le compost aux engrais chimiques ;
- Assainir le sol (on élimine plusieurs pathogènes et maladies) ;
- Economiser des sommes importantes de coûts ;
- Réduire la pollution de l’air puisque la décomposition de la matière organique est propre.
O. A. A.