Les Algérois fréquentant ou transitant par le marché Clauzel auront certainement remarqué la disparition des nombreux étals des commerçants informels, qui gravitaient tout autour et entre lesquels on arrivait difficilement et au prix de mille efforts à se frayer un passage. Deux ou trois de ces commerçants ont été accueillis entre les travées du marché couvert et continuent à écouler galette, m’hadjeb et autres préparations maison. Mais la plupart d’entre eux n’ont pas eu cette chance et ont reçu l’injonction de quitter les lieux. Il faut dire que l’anarchie régnant au sein des nombreux marchés informels de la capitale ne manque pas de générer maints désagréments aux riverains et aux clients et surtout sont, à chaque fois, accompagnés de mombreux phénomènes qui s’y greffent inévitablement en l’absence de toute régle. Nous parlons, entre autres, des vols et agressions favorisés par la cohue des clients qui s’agglutinent en ces endroits à hauts risques en quête de l’éventuelle bonne affaire.
Les autorités compétentes ont donc décidé - pour la énième fois - de mettre fin à cette situation. Pour combien de temps ? Jamais longtemps, car il vaux mieux ne pas se réjouir trop vite, attendu que l’expérience nous a appris que les revendeurs informels ne restent jamais très loin et reviennent encore plus en force, dès que les services de l’ordre font mine de baisser, un tant soit peu, leur garde. Pour preuve il n’y a qu’à se rendre du côté de la place des Martyrs où ils ont réinvesti les passages piétons de plus belle et donnent même l’impression de s’être démultipliés. Aujourd’hui même la chaussée est occupée par les dizaines d’étals de fortune, il faut l’avouer bien plus nombreux qu’avant la campagne qui les avait, pour un court laps de temps, éloignés. Pour rappel les autorités communales, pour tenter d’éradiquer ce phénomène qui gangène l’ensemble des localités de la capitale, avait même procédé à la réalisation d’un marché couvert, mais ce dernier a rapidement été abandonné par la majorité de ces commerçants, ou encore s’ils restent sur les lieux ils déléguent un autre pour proposer leur bric-à-brac à ciel ouvert. Ils ont été rejoints depuis par des dizaines d’autres jeunes et moins jeunes proposant à la vente tout et n’importe quoi. On peut également se rendre à "El Delala" de Oued Kniss, que l’on pensait enterrée définitivement après la démolition de l’ensemble des bâtisses et locaux de ce quartier.
Mais c’était sans compter avec l’opiniâtreté de ces vendeurs à la sauvette, lesquels à présent se disputent les amas de gravats jamais enlevés. Tout cela pour dire que le commerce informel a encore de très beaux jours devant lui, du moins tant que ces jeunes chômeurs qui s’y engouffrent pour fuir la précarité de leur quotidien n’auront pas bénéficié d’une prise en charge efficiente et qui les sensibilisera sur leurs droits et devoirs envers la société. Il faudrait qu’ils arrivent à comprendre que les lois sont faites pour être respectées et que l’on ne peut pas s’improviser du jour au lendemain commerçant. Leur avenir ne peut pas continuer indéfiniment à dépendre de la revente hypothétique de toutes sortes de produits et en passant leur temps à fuir dès que surgit à l’horizon un uniforme.
R. E.