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A Ghaza, l’art est une bouffée d’oxygène
26 Janvier 2010

Comme le reste de la population, les artistes de Ghaza sont coupés du reste du monde en raison du blocus israélien. Le conflit israélo-palestinien est, bien entendu, très présent dans la création artistique. Il est plus facile de sortir des peintures de Ghaza que les artistes qui les ont faites. Les tableaux n’ont pas besoin de passeport.

"Pour nous, l’art est une façon de respirer, d’échapper à l’enfermement", explique Iyyad Farraj, peintre-sculpteur de 39 ans. Comme le reste de la population, les artistes de Ghaza sont coupés du reste du monde en raison du blocus israélien.
"Ici, il n’y a rien d’autre à faire que travailler. Nous n’avons que nos œuvres, nos tableaux et l’art pour exister", ajoute Iyyad Farraj, qui présente sa dernière exposition à Ghaza avant qu’elle n’aille au Caire et dans quelques capitales arabes. "On a un problème pour envoyer nos œuvres à l’étranger. On va essayer avec une compagnie de transport, mais si ça ne marche pas, on sera obligé de les faire passer par les tunnels de contrebande", explique l’artiste. Aux termes de l’embargo israélien, appliqué avec le concours de l’Egypte, seuls les biens de première nécessité sont autorisés à entrer dans Ghaza. Le reste transite par des tunnels de contrebande creusés sous la frontière égyptienne. "Il est plus facile de sortir des peintures de Ghaza que les artistes qui les ont faites. Les tableaux n’ont pas besoin de passeport", ironise Iyyad Farraj qui, comme beaucoup d’autres artistes, ne s’est pas rendu à l’étranger, ni même en Cisjordanie, depuis en 2007. Enseignant à l’université de Ghaza, il retrouve chaque après-midi des amis artistes ou d’anciens élèves dans son atelier "pour échanger, parler technique et débattre", comme le font les artistes partout ailleurs dans le monde. "Le plus dur, c’est cette fermeture. C’est une petite mort tous les jours. C’est pire que la guerre, qui ne dure qu’un temps", déplore-t-il. Il y a un an, la bande de Ghaza, était la cible d’une opération punitive israélienne qui a fait 1.400 morts côté palestinien. A Ghaza, le conflit israélo-palestinien est bien entendu très présent dans la création artistique, mais ce n’est pas le seul sujet. La liberté, qui fait défaut, mais aussi le corps humain ou la sexualité inspirent les artistes, même s’il n’est pas toujours facile de dévoiler de telles œuvres au public. "Le corps est l’une des choses les plus secrètes à Ghaza", souligne Iyyad Farraj. "Il est impossible d’en parler ici. Il y a des tabous, même les artistes ne peuvent en parler", dit-il, en montrant quelques sculptures dissimulées aux regards. Il n’y a pas de censure à proprement parler, assure Basel al-Maqosi, un peintre de 39 ans. "Mais le Hamas sépare les œuvres entre ce qui est halal (licite) et haram (illicite) en vertu de critères religieux, notamment en ce qui concerne le corps féminin", précise-t-il. Les expositions dans les salles municipales, dépendant du Hamas, ne sont donc pas jugées sur des critères purement artistiques, mais politiques ou religieux, explique le peintre. Seul endroit longtemps dédié à l’art à Ghaza, la "Cité des arts et des lettres" est aujourd’hui sous la coupe du mouvement islamiste. Pour faire vivre leurs œuvres, les artistes de Ghaza s’organisent en créant leurs pages sur Internet ou en louant des salles. "On a créé un cercle, +Windows for Gaza+ (...). On a ouvert une salle d’exposition, mais ça coûte cher. On manque de lieu pour les manifestations culturelles", regrette Basel al-Maqosi. D.M. / AFP

Par : Djallal Malti

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