On aime à répéter que «l’imzad est aux Touareg ce que l’âme est au corps». Cette sentence attribuée à Hadj Moussa Akhamok, ancien amenokal des Touareg algériens, résume la problématique d’une tradition plus que millénaire sur laquelle désormais pèse la menace d’extinction.
L’imzad fera l’objet d’un colloque scientifique international qui se tiendra pendant 3 jours, les 14, 15 et 16 janvier 2010 à Tamanrasset. Organisée sous le haut patronage du ministère de la Culture, cette manifestation, placée sous le signe de l’«Imzad entre tradition et modernité», verra la participation d’une pléiade de chercheurs à l’image de Faïza Arkam, Edda Brandes, Caroline Card-Wendt, Mohamed Aghal-Zakra, Pierre Augier, François Borel, Cyril Isnart, et Mourad Yelles. Pendant les soirées, le public sera bien servi avec la participation d’artistes venus du Niger et du Mali ainsi que des artistes touareg de renom comme Tinariwen, Tartit, Atri N’Assouf, et Choghli. Place donc à la musique même si on a arrangé de l’espace pour accueillir des ateliers de plein air sur la Grande place de la Maison de la Culture et sur le terrain du site Dar el imzad. On aime à répéter que «l’imzad est aux Touareg ce que l’âme est au corps ». Cette sentence attribuée à Hadj Moussa Akhamok, ancien amenokal des Touareg algériens, résume la problématique d’une tradition plus que millénaire sur laquelle désormais pèse la menace d’extinction. L’association «Sauver l’Imzad» milite, depuis déjà quelques années, pour la préservation et l’enseignement de ce patrimoine immatériel qui, il faut le rappeler, a été classé comme patrimoine universel par l’Unesco. L’imzad désigne un instrument de musique traditionnel. C’est une sorte de violon monocorde dont la coque se présente sous la forme d’une demi-calebasse de 40 cm de diamètre recouverte d’une peau de chèvre. L’originalité du monde touareg apparaît à travers le rituel de l’exécution de cet instrument puisque ce sont les femmes à qui échoient l’honneur de le jouer généralement assises, pour accompagner en musique les chants et les poèmes que les hommes sont chargés de déclamer. Si l’instrument en lui-même fait partie intégrante du patrimoine matériel, il n’en demeure pas moins que c’est l’instrument qui cache l’iceberg. C’est tout le patrimoine immatériel et notamment le matriarcat qui se dissimulent derrière. C’est dans cet ordre d’idées qu’il faudrait replacer certainement la maxime d’Akhamok. Car l’imzad est lié à une organisation sociale et à une culture ayant ses propres repères dans l’espace et le temps. En 2003, on comptait 7 joueuses d’imzad, très âgées par ailleurs. Il y a à peine quelques années, il n’en restait que 4 vieilles dames. Mais, heureusement, l’action de l’association en faveur de la sauvegarde de l’imzad a pu développer un travail remarquable puisque 10 formateurs et formatrices ont été retenus en vue de la création d’une école d’imzad à Tamanrasset. Ainsi, près de 200 jeunes filles ont pu y suivre une formation. Ce qui a permis d’arriver en janvier 2004 à une première promotion de 40 élèves. Le 11 août 2009 nous a quittés, à l’âge de 84 ans, Tarzagh Benomar, une des doyennes de la musique imzad au Tassili n’Azdjer. Dans son style berbère, elle avait fredonné de beaux morceaux de musique évoquant le quotidien et les traditions du Hoggar, ainsi que l’histoire contemporaine. L’imzad nous entraîne dans une histoire, la femme remue l’unique corde du violon, et l’homme chante sa vie, son amour …
L. G.