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Edition du 10 Janvier 2010



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Berbère télévision fête ses dix ans
10 Janvier 2010

Une mobilisation sans précédent avait vu le jour en Algérie, particulièrement dans la région de Kabylie où l’engouement pour ce genre d’initiatives était sans égal. Des actions de volontariat et des quêtes ont été initiées dans tous les villages afin de pouvoir rassembler la cagnotte nécessaire qui allait accompagner le budget mis en œuvre par les promoteurs du projet.

C’est presque un miracle quand on sait dans quelles circonstances avait été lancée la chaîne de télévision BRTV. L’idée paraissait saugrenue en janvier 2000. Pourtant, il fallait bien concrétiser le rêve du lancement de la première chaîne de télévision en langue amazighe. Une mobilisation sans précédent avait vu le jour en Algérie, particulièrement dans la région de Kabylie où l’engouement pour ce genre d’initiatives était sans égal. Des actions de volontariat et des quêtes ont été initiées dans tous les villages afin de pouvoir rassembler la cagnotte nécessaire qui allait accompagner le budget mis en œuvre par les promoteurs du projet, à savoir les frère Mustapha et Mohand Saadi, originaires de la région des Ouadhias, dans la wilaya de Tizi Ouzou. Même après avoir mis en place les dispositions indispensables au lancement d’une chaîne de télévision, il n’en demeurait pas moins qu’il était à peine croyable que dans quelques semaines, cette chaîne allait voir le jour. Il y avait de quoi être sceptique, voire même pessimiste car, auparavant, il n’y avait jamais eu une chaîne de télévision en tamazight. C’était une première mondiale et la crainte était ainsi justifiée. Mais l’élan populaire suscité par cette idée allait constituer un vivier d’encouragements pour les initiateurs et les premiers animateurs de BRTV qui se comptaient sur les doigts d’une seule main. Comment procéder ? La question valait son pesant d’or. Les promoteurs se sont interrogés s’il fallait d’abord enregistrer une matière morte afin de constituer une réserve de programmes pour au moins quelques mois. La deuxième perspective consistait à lancer la chaîne et à agir au jour le jour. Cette dernière possibilité comportait de grands risques car comment pouvait-on s’assurer de la disponibilité régulière de programmes à diffuser ? Mais les initiateurs l’ont adoptée car, selon eux, la chaîne de télévision berbère n’aurait jamais pu voir le jour autrement. Cette décision a permis donc la naissance de la première station de télévision en tamazight. Même si ses studios se trouvent en France, ils n’en reste pas moins que 90 % de ses programmes sont réalisés en Algérie. La BRTV a réussi à conquérir un nombre de téléspectateurs qui allait battre tous les records en dépit de la concurrence des autres chaînes de télévision, particulièrement les chaînes françaises qui avaient déjà pignon sur rue. Toutefois, il faut reconnaître que le contenu de cette chaîne ainsi que la qualité des programmes sont discutables. Le manque de professionnalisme des animateurs et l’insuffisance des moyens financiers ont fait que les émissions et les reportages qui y sont diffusés sont d’une qualité à peine acceptable. Le phénomène de la rediffusion a aussi diminué de l’attrait de cette chaîne. Afin de parer au manque de matière, il a été fait recours à cette méthode mais avec le temps, cette pratique finit par lasser les téléspectateurs. De même que l’engouement n’a pas pu survivre au-delà de quelques années puisque avec le temps, l’attention du téléspectateur n’a pu être retenue indéfiniment. La raison principale est la qualité des programmes demeurant en deçà des aspirations. Les responsables de BRTV ont compris cette défection mais ils n’ont pas trop de choix car le lancement de cette télévision relève plus d’un acte militant, toujours, selon leurs affirmations.
Quel bilan peut-il être établi après dix ans d’existence ? Au-delà du fait qu’il s’agisse d’une chaîne de télévision lancée avec des moyens dérisoires, la symbolique de BRTV est grande car grâce à sa création, un grand tabou et non des moindres a été brisé. Aujourd’hui, pas moins de trois chaînes de télévision diffusent de larges programmes en tamazight. En plus de la BRTV, on peut citer la chaîne quatre de l’ENTV ainsi que Beur TV. Les promoteurs de BRTV ont surtout prouvé qu’une chaîne de télévision en tamazight était une entreprise possible alors qu’à l’époque, de nombreux observateurs présageait que BRTV n’allait pas tarder à faire long feu. Le temps a prouvé le contraire. Il reste aux initiateurs de la BRTV de fournir des efforts dans l’amélioration de la qualité de ses programmes afin de faire face aux deux autres chaînes concurrentes directes mais aussi et surtout afin de prouver qu’une chaîne de télévision de qualité, en tamazight, n’est pas une utopie.
L. B.

Par : LOUNES BOUGACI

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