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Edition du 20 Décembre 2009



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Marc Bergeretti, directeur général de Peugeot Algérie
"La suppression du crédit automobile nous privera de 20% des ventes"
15 Décembre 2009

Le directeur général de Peugeot Algérie revient dans cet entretien sur certaines questions cruciales du marché. Suppression du crédit automobile, réorganisation des importations automobiles, salon de l’automobile, Peugeot Assistance, analyse du marché… M. Bergeretti nous a donné ses appréciations en toute franchise.

Midi Alger : La date du prochain salon automobile d’Alger fait déjà débat. Quel commentaire en faites-vous ?
M. Bergeretti : C’est à l’association des concessionnaires automobile algériens de valider la date du prochain salon international de l’automobile qui sera communiquée à la presse par le biais de son chargé de communication. Il y a trois propositions possibles. Le choix existe entre le printemps de l’année prochaine, l’automne de l’année prochaine, ou le printemps 2011. Il faut seulement être patient. On est en train de soumettre nos propositions au président de l’AC2A, et c’est à lui de valider la date finale.

Quelles sont vos appréciations sur le dernier salon international de l’automobile ?
Le salon était à mon avis satisfaisant dans la mesure où tout le monde était présent. La fête pour les visiteurs était de ce point de vue là réussie. Au niveau de la Safex, quelle que soit la période qui sera retenue, il y a des améliorations à apporter qui me semblent utiles pour le confort du visiteur, principalement la climatisation. Il faut dire que les belles journées d’automne en Algérie sont aussi chaudes. Certains collègues se sont également plaints de l’accès pour les halls où ils exposaient. En effet, l’accès à certains halls pour les visiteurs était difficile, ceci n’était pas le cas pour le hall de Peugeot. Un des souhaits qu’on a également en commun est de dire aux organisateurs du salon que l’accès pour les visiteurs se termine un peu trop tôt. Étendre l’accès le soir jusqu’à 19h ou 20h serait mieux dans la mesure où ceci permettra aux gens de visiter le salon le soir après leur travail.
Pour Peugeot, au delà de la fête de l’automobile, le salon était assez satisfaisant. Le volume des ventes comme je vous ai déjà dit n’est pas forcément l’essentiel. J’ai toujours dit que le secret pour réussir dans un salon est d’être extrêmement prudent, notamment avec les chiffres. Il faut savoir distinguer dans les résultats la part des ventes qui sont des anticipations de commandes qui auraient été enregistrées sur le dernier trimestre 2009. Ça fait quelques semaines que le salon s’est achevé, il est trop tôt pour Peugeot Algérie de parler d’un bilan chiffré. Donc ce qu’il y a à retenir, c’est que c’est un bon salon, où il y a eu beaucoup de visiteurs, quelques petits points à développer dans l’organisation côté Safex. Chez Peugeot, nous avions un beau stand puisqu’on a eu beaucoup de nouveautés cette année à l’image du 3008, la 206+, la nouvelle 107, et le nouveau Partner, je dirais que le salon pour notre marque était riche en nouveautés. Donc en global c’était satisfaisant.

Quelle appréciation faites-vous des ventes de la marque sur les neuf premiers mois de l’année ?
Le marché est en légère baisse de 4 à 5 % sur le cumul des 9 mois. Les quatre premiers mois de l’année 2009 étaient en hausse par rapport à la même période de 2008 et les mois qui ont suivi se sont inscrits à la baisse. Cette baisse va sans doute s’accentuer sur le reste de l’année pour atteindre 5 à 7% pour toute l’année 2009 par rapport à l’année 2008.

Quel est l’impact de l’annulation du crédit automobile sur la marque Peugeot ?
Le crédit représente 20 à 25% de nos ventes globales. Les 25% qui faisaient appel à une banque pour financer l’achat d’un véhicule neuf auront, pour ceux qui le peuvent, recours à un membre de leur famille pour prendre la place du banquier. C’est trop tôt pour le dire mais l’arrêt du crédit touchera différemment les marques automobiles. Les clients sont moins nombreux à faire appel à la banque pour l’achat d’une Mercedes que pour l’achat d’une Chevrolet. Nous on est à mi-chemin des marques que je viens de citer. Donc la suppression du crédit automobile intervient suite à la loi de finance complémentaire en août, un mois où nous avons enregistré de faibles ventes, après il y a eu le mois de ramadhan entre fin août et fin septembre, tout de suite derrière il y a eu le salon, je dirais qu’on a eu à peine deux mois de promotions intenses et quand il y a ce genre de rabais, le client est plus tenté d’acheter à ce moment-là.
C’est au moment de l’arrêt des promotions que l’impact de la suppression du crédit sera la plus visible. Et qui dit promotion veut dire qu’elle ne va pas durer longtemps. C’est incontestable de dire que le crédit a entraîné une chute du marché. On pense qu’en 2010 la chute des ventes d’automobiles sera plus forte que l’année 2009. On pense que le marché baissera de 20%.

Peugeot Algérie a enrichi son catalogue de modèles avec l’introduction de la 308CC et la 308 SW, comment voyez-vous l’évolution de ce segment en Algérie ?
Je dirais que sur le segment de la 308, Peugeot a choisi d’avoir une gamme large en matière de déclinaison de modèles. Non seulement on a choisi d’avoir une gamme large en termes de modèles mais aussi en termes de motorisations, tout ça pour mieux répondre aux différents souhaits de la clientèle algérienne.
Pour l’instant ça nous réussit plutôt bien dans la mesure où la 308 est largement devant dans son segment. Elle a clairement repris la réussite de la 307 qui a connu un franc succès en Algérie. Suivant cette logique, dès qu’il y a une voiture, une version, un moteur qui sort en France et qui nous parait intéressant et adapté aux choix du client algérien on a tendance à vouloir le ramener en Algérie. L’idée est d’avoir une gamme riche et diversifiée pour que chacun y trouve son compte.

Comment se portent les ventes de la 206+ depuis son lancement en Algérie ? Et comment voyez-vous son avenir en Algérie ?
La 206+ a rencontré quelques problèmes de disponibilité quand on l’a lancée en juin dernier dus au succès retentissant que la voiture rencontre en Europe. En fait, la quantité disponible en usine était insuffisante par rapport à la demande. Les capacités de production en usine sont aujourd’hui adaptées, et la demande est satisfaite.
On a des voitures qui sont disponibles et conséquence directe, la demande et la facturation remontent ! Donc la 206+ pour moi aujourd’hui est un véhicule qui a un avenir, les programmes qui sont disponibles sont satisfaisants et la clientèle est très intéressée. Par exemple au Salon international de l’automobile beaucoup de personnes se sont intéressées à ce modèle. On va pouvoir livrer rapidement, et on atteindra d’ici quelques mois la vraie vitesse de croisière de la 206+.

Après la décision d’interdire le débarquement des véhicules au port d’Alger, comment se passe cette opération aujourd’hui pour Peugeot Algérie ?
Malheureusement comme on le craignait ! Le port de Mostaganem est pratique car connecté à l’autoroute mais son seul quai disponible entraîne un embouteillage quasi permanent avec des bateaux qui restent en rade jusqu’à huit jours. Pour Djen Djen, le port présente une meilleure capacité de déchargement mais le manque de protection des digues font que le mauvais temps hivernal ralentit les opérations de déchargement et l’absence de routes adaptées au transport par camions ralentit le flux. Une des difficultés à laquelle se heurte les concessionnaires est le manque de camions avec des remorques adaptées, ce qui pèse sur les délais.
En conclusion, une logistique plus complexe et plus coûteuse. Un surcoût qui s’ajoute à la suppression du crédit, sans oublier le certificat à la conformité puisqu’à chaque embarquement il y a une société qui certifie que la marchandise est conforme à la commande. Tout cela engendre des coûts supplémentaires qui vont se répercuter sur le prix au client final.

Peugeot Algérie a mis en circulation des véhicules d’intervention pour lancer Peugeot Assistance, peut-on avoir un premier bilan de cette activité ?
Je dirais que c’est comme un verre d’eau à moitié vide ou à moitié plein. Ainsi 50% des clients qui ont fait appel à Peugeot Assistance ont pu être dépannés sur place et repartir après l’intervention.
Après avoir appelé le numéro de Peugeot Assistance, un technicien arrive dans la demi-heure qui suit. Il vous dépanne sur place quand cela est possible et vous continuez votre voyage. Sur la période entre juin et septembre, on est à ce taux là, ce qui est satisfaisant. Par contre ce qui est très perfectible (c’est le verre à moitié vide !), c’est quand vous demandez à un de nos distributeurs de nommer un technicien dans son personnel qui peut être «dérangeable» 24H/24 et 7J/7, et quand vous appelez une personne par exemple le matin, soit elle n’est pas accessible (mobile fermé, soit elle ne répond pas, etc.). Donc je pense qu’il y a à ce niveau là un apprentissage tout à fait «classique», ce n’est pas propre à l’Algérie, il y a une culture du service qu’il faut développer et puis que les agents aussi comprennent que la personne qui dépanne à 1h ou 2h du matin fera un client content, donc qui est devient fidélisé, ce qui vous fait un chiffre d’affaires complémentaire.
Je suis relativement confiant, je dirais que d’un côté technique les choses vont plutôt bien. Après il faut que les quelques éléments qui sont «durs au réveil» soient plus attentifs, et je suis sûr qu’on y arrivera ! Cela demandera un peu plus de temps peut-être un an pour que ça fonctionne très bien. C’est un service en plus, on le suit et il est sur la bonne voie.

Comment se portent les ventes de la gamme utilitaire chez Peugeot Algérie ?
Je dirais de façon générale qu’on enregistre de belles commandes et qu’on est en constante progression. Peugeot Algérie propose aujourd’hui une gamme complète, moderne et riche, adaptée aux besoins spécifiques des professionnels. L’année 2009 est une année très positive pour Peugeot, nous avons enregistré une forte progression de nos ventes sur les véhicules utilitaires, plus de 28% depuis le début de l’année en cours. Cette évolution va continuer notamment avec l’arrivée du nouveau Partner fourgon tôlé (1.6 Hdi 75ch) présenté à l’occasion du dernier Salon international automobile d’Alger et exposé au SIVI.

Justement, vous venez de participer pour la première fois au Salon du véhicule utilitaire et industriel. Quel est votre premier constat de cette manifestation ?
Le Salon international du véhicule industriel était une occasion pour nous de présenter une flotte riche et variée. Nous avons participé avec 15 véhicules d’une série de 20, à la fois des véhicules utilitaires «classiques» tels que le Bipper VU, Partner VU, mais aussi une gamme de véhicules «spécifiques» à l’instar de l’Expert frigorifique, Boxer Port-air (dépannage), Boxer ambulance… une gamme ayant subi des transformations par des carrossiers professionnels et adaptée selon les besoins et les exigences de certaines catégories de spécialistes : tels que les professionnels de la distribution, de la santé, de l’assistance automobile, transport de marchandises…
Avec une gamme aussi complète, Peugeot Algérie offre un large éventail de choix aux clients professionnels, et avec la consolidation de nos équipes de vente flotte, je dirais que l’année 2010 sera pour nous une autre année de progression et de réussite. Nous sommes satisfaits de notre première expérience dans ce salon.

Les pouvoirs publics ont exprimé leur volonté ferme de réguler le marché en termes de pièces de rechange contrefaites, que pensez-vous de cette décision ?
Sur la volonté je ne peux que la saluer. On a eu des réunions de concertation avec les autorités algériennes, notamment le ministère du commerce, qui ont été très positives. La volonté est là, on la sent. Mais sur les modalités, je pense que le texte en question devrait faire l’objet de réunions entre l’association des concessionnaires algériens et le ministère du commerce. Il faut qu’au final, la faisabilité du contrôle soit la plus efficace possible, c’est-à-dire si vous demandez beaucoup de choses ou trop de choses à la fois peut-être qu’au final vous n’atteindrez pas votre objectif.
Ce que je souhaite, c’est qu’il y ait une distinction entre les distributeurs qui ont acquis l’agrément au ministère de l’industrie et qui respectent le cahier des charges du décret du 12 décembre 2007. Ces marques là importent la pièce de rechange qui vient directement du constructeur, je pense qu’il est nécessaire de trouver une distinction entre toutes ces marques et un intervenant privé qui importe les pièces de rechange d’Europe, de Chine ou d’ailleurs. Si vous ouvrez les containers de Peugeot Algérie vous êtes certain de trouver la pièce de rechange disponible qui vient du magasin central situé en France à Vesoul.
Pour résumer, la mesure est très bonne, je pense que les autorités algériennes ont eu clairement conscience du danger que représente la pièce de rechange contrefaite. On ne peut que saluer cette initiative et ne peut que répondre présent aux autorités dans ce cadre pour faire que cette charte soit la plus efficace possible.

Un concessionnaire a cessé de communiquer ses chiffres de vente pour des raisons bienaffichées, que pensez-vous de cette décision ?
Dans l’ordre des choses, il faudrait que les statistiques officielles nous permettent d’avoir dans un délai raisonnable, disons dans les 10 à 15 jours après la fin du mois des statistiques fiables sur l’ensemble du pays. C’est un souhait à court et à moyen termes qu’il y ait des statistiques disponibles au niveau du pays.
Dans la mesure où ces statistiques n’existent pas actuellement ou du moins pas dans un délai raisonnable, il faut pallier ce manque et dire que chaque membre de l’Association des concessionnaires algériens communique les chiffres de vente entre le premier et le six du mois suivant par le biais de sa cellule de communication. Pour les mois qui ont précédé octobre, il y a eu effectivement des marques qui n’ont pas communiqué à temps ou qui n’ont pas communiqué du tout ou communiqué certains chiffres qui peuvent être sujets à interprétation.
La seule chose que je dirais est que Peugeot Algérie continue à communiquer ses chiffres, bien évidemment, il n y a pas de raison pour que l’on ne le fasse pas, on n’a rien à cacher. J’espère que l’Association, qui est encore jeune, va corriger ces petits travers.

Par : Hamid ABBASSEN

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