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Edition du 9 Décembre 2009



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Cinéma et football : Si procheset si dissemblables
9 Décembre 2009

e football est-il culturel ? A priori la réponse coule de source. On ne peut y jouer sans être imprégné par ses règles et on ne peut devenir supporter sans qu’on l’y inscrive dans un jeu de rivalité sur lequel viendrait s’embrayer la compétition. Sans cette rivalité qui met aux prises deux équipes au travers desquelles leurs supporters respectifs s’affrontent sur le plan imaginaire, le football certainement n’aurait eu aucune valeur car dans ce cas précis il aurait manqué d’enjeu. Et c’est quoi l’enjeu si ce n’est une inscription dans la culture ? Une reproduction de la culture réelle, disons vécue. Vous voyez ces deux peuples qui se chamaillent, eh bien un match de football en est l’exacte réplique. Une réplique symbolique s’entend, mais grâce à laquelle peut se réaliser la catharsis. Et nous touchons là à un trait que le football partage avec le théâtre et même avec le cinéma. Et pourtant le trait qui parait les avoir rapprochés, c’est celui-là même qui véritablement les différencie. Football et cinéma imitent la vie, l’un et l’autre favorisent l’extériorisation des pulsions néfastes et agressives, un fait que le langage courant associe au thème de l’adoucissement des mœurs. Jouer au ballon revient à ne pas jouer avec le feu. C’est pareil que regarder un film. Et pourtant le premier est dépourvu de toute valeur culturelle ajoutée. Au sortir d’un stade, après avoir hurlé, sifflé, applaudi et chanté à tue-tête, on rentre chez soi, suivant le résultat du match, aigri ou enchanté. Mise à part cette modulation des émotions, on revient donc à l’effet cathartique, il n’y a rien qui établit le football comme source de culture ou d’acculturation. Ce qu’on appelle un beau film est tout le contraire d’un bon match. Quand l’art cinématographique a atteint sa perfection, vous en êtes éblouis non seulement parce qu’il a remué vos cordes sensibles, mais parce qu’il vous a surtout enrichi. Qui n’a pas ressenti le contentement de soi, cette sorte d’émerveillement que suscite la vue d’un défilement d’images merveilleusement orchestrées du fait justement que ce spectacle a élargi votre conscience ? N’est-ce pas que vous sortez de la salle de cinéma dans la peau d’une personne presque neuve ? J’allais dire une personne qui renaît de ses cendres. Ce personnage dont vous venez de suivre les péripéties, vous l’avez saisi, compris et peut-être même plaint. Et soudain vous réalisez que vous venez de comprendre quelque chose, de saisir quelque sens caché de la vie. Un cinéma bien fait modifie la structure de votre intellect. On réfléchit après avoir savouré une belle histoire, dramatique, comique ou surfaite. Le foot échoue quand il viole ses propres règles. Dans ce cas, il débouche sur le hooliganisme. En Algérie, il faut relever ce paradoxe. Le foot est populaire, d’une popularité telle qu’il peut faire planer la menace sur l’ordre politique, or malgré cela il n’est pas arrivé à asseoir une infrastructure sportive à la hauteur de sa titanesque architecture. Pour autant, il n’est pas de commune qui ne dispose de son stade et il n’est pas de quartier qui ne possède son joueur mascotte. Les stades existent par milliers, mais les plus performants d’entre eux se comptent sur les doigts d’une seule main. Le foot est général, on le trouve partout mais les structures dont il faut disposer afin de le hisser au niveau international sont inexistantes. On a dû donc recourir à des joueurs évoluant sous le ciel d’Europe pour qu’il soit possible de constituer une équipe nationale digne de ce nom. Imaginez qu’à l’avenir la FIFA vienne à interdire ou à limiter la sélection en équipe nationale de joueurs évoluant en sol étranger quand bien même ces deniers seraient des nationaux. Attention…Attention… Quant au cinéma chez nous, il faut dire que c’est un art déchu. Le réseau des 400 salles dont l’Algérie indépendante a hérité en 1962 s’est entre temps évaporé, à peine une dizaine de salles survivent du côté d’Alger. Depuis la crise économique, on n’importe plus les 300 films annuels. En attendant, il y a le foot. larbigraine@lemidi-dz.com

Par : LARBI GRAÏNE

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