Le Midi Libre - Culture - Alger fait son jazz
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Edition du 6 Décembre 2009



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Pour la seconde fois à Ibn Zeydoun
Alger fait son jazz
6 Décembre 2009

Le mercredi 2 décembre 2009, le festival Alger Jazz Meeting soufflait sa deuxième bougie. Par la même occasion, Adnane Ferdjioui, le directeur artistique de cette rencontre, ouvrait les festivités de la deuxième édition.

Ainsi, pour la deuxième année consécutive, Alger fait son jazz à la salle Ibn Zeydoun de Ryadh el- Feth. Cet événement, initié en 2008 à la même date par le ministère de la Culture en collaboration avec l’Oref, revient sur scène par le même processus. Placé sous le concept de rencontres et d’échanges musicaux et culturels, la programmation était équitable entre les formations locales et étrangères. C’est au groupe algérien Madar que revient l’honneur de pousser les premières notes de ce meeting. Composé de Nadjib Gamoura à la basse, Amine Hamrouche à la guitare, Nazim Benkaci à la batterie, et le talentueux Kheireddine M’kachiche au violon, un quatuor, qui existe depuis deux ans a vu le jour à Constantine. C’est devant une salle pleine à craquer que Madar faisait découvrir son savant medley où se mêlent jazz contemporain, musique arabe ainsi qu’une touche appuyée de musique algérienne tel le "malouf" soutenu par le timbre du violon. On remarquera l’excellente prestation du batteur Nazim sur des morceaux tel qu’Algiers ou le vent du nord extraits du live enregistré lors du festival Dimajazz 2009 dans la ville des Ponts. En deuxième partie de soirée, la première formation étrangère, et pas des moindres, le Mario Canonge Trio, entrait sur scène. Ces trois musiciens de génie qui nous viennent des Antilles ne se font pas prier et placent la barre très haut d’entrée. Dès les premières minutes, une sorte de jam session se met en place et chacun des trois virtuoses essaie de faire valoir son talent et son instrument et les 500 spectateurs sont déjà séduits. Au piano, Mario Canonge installe rapidement une ambiance de club de jazz des Caraïbes ; le savant mélange de zouk et de jazz donne une musique de laquelle se dégage une énergie fulgurante. Energie sur laquelle surenchérit le batteur hyperactif Jean Philippe Fanfant, très vite devenu coqueluche du public algérois. Sans compter sur le concours de l’imposant Linley Marthes à la basse qui imposait, lui aussi, un rythme insoutenable. Résultat des courses une salle au complet qui chante et danse en parfaite harmonie avec ces renversants jazzmen des îles… Entre Orient et Occident Pour la seconde soirée d’Alger Jazz Meeting, on se bouscule toujours à l’entrée, et malheureusement, la salle ne peut contenir tout les mordus du jazz. Ce jeudi soir, c’est la renaissance du groupe Sinoudj. Ce groupe, venu de Constantine, est en train de se remettre de la perte de son fondateur et remonte courageusement sur la scène du meeting, solidairement entouré de Gamoura et M’kachiche du groupe Madar. Le noyau de Sinoudj se trouve être fait de rythmes maghrébins, d’une couche jazzy, surtout à la basse et à la batterie et, enfin, d’une pointe de malouf, timbre obligatoirement porté par tout les artistes constantinois. N’en déplaise aux puristes, le jazz renferme en premier lieu une ouverture à tout ce qui peut s’accrocher autour de lui. Après Sinoudj, Adnane Ferdjioui, comblé, fait appel à Fayçal Salhi et à son luth, Christophe Panzani et son saxophone, Vladimir Tores et sa contrebasse, Thomas Nicol et son violoncelle et Etienne Demange à la batterie et percussion. Du coup, le niveau monte d’un cran. En écoutant ce quintet, on se surprend à passer d’un monde à un autre, d’un Orient poignant et mélancolique, comme les notes du luth, à un Occident cuivré, rythmé et jovial. Le grand plus du quintet était le fabuleux apport du sax et de la contrebasse, instruments aux sons magiques.
Clôture en fusion
Vendredi, troisième et dernière représentation de l’édition 2009 d’Alger Jazz Meeting, la salle Ibn Zaydoun est prise d’assaut des heures avant le début du concert. Les responsables de la salle décident alors de mettre des chaises supplémentaires dans tous les espaces utilisables et permettent aux spectateurs d’occuper les marches de la salle. Avec tout ça, une cinquantaine de personnes avait raté le dernier show. Pour la troisième et dernière fois, on voyait Adnane Ferdjioui présenter le premier groupe, le Pascal Schaer Trio. Une véritable leçon de fusion appliquée avec pour professeur de jazz le grand Pascal Schaer qui fait des merveilles avec son souffle au trombone comme au cor des Alpes. Un instrument de bergers joué dans les hauteurs selon la tradition suisse. Pour enseigner l’art des percussions, Baba Konaté apporte ses toumbas et un patrimoine ancestral cher au Burkina Faso. Et pour harmoniser les deux, Christian Guggenbuhl à la guitare. Le cor des Alpes ouvre le bal avec une improvisation de Pascal puis s’en suivit "rendez-vous" qui fait découvrir au public comment harmoniser un instrument à vent très sec et froid, et des toumbas énergiques et chaleureuses. Autre prouesse sur le titre Maras, l’utilisation de loopers très rare en jazz. Afin d’enregistrer et rediffuser des séquences de percussions et rejouer dessus. S’ensuivent de très longues balades jazzy durant lesquelles le paysage musical, que voulait montrer le trio, changeait sans cesse, avec des changements de rythme surprenant. C’est ainsi qu’on entendait parler de jazz psychédélique dans la salle. Après cette déroutante et agréable expérience, le maître de cérémonie, déjà nostalgique, présentait son dernier groupe, Ragga Trio. Qui devient un quartet puisque Baba Konaté reste sur scène aux percussions. Il est rejoint par l’Italien Andreas Fulgosi à la guitare, le Malien Andra Kouyaté au "ngouni, ngouni basse et au chant" et le poète de l’harmonica Guillaume Lagger. Dans ce groupe aussi, on fait de la fusion mais de très haut niveau, le duo ngouni (guémber) guitare est un régal d’introduction. Puis Andra prends le ngouni basse (gumbri) pour interpréter Loud. Sur ce bijou, on retrouve des instruments africains et européens sur des percussions africaines qui accompagnent en parfaite osmose un texte bambara. Et le quartet continuait ainsi jusqu’à 23h, heure à laquelle le père du meeting venait le clôturer et donnait rendez-vous aux présents pour la troisième édition d’Alger Jazz Meeting.

Par : Nadir Hammou

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