"Les prix des moutons sont très élevés cette année, mais nous ferons de notre mieux pour fêter l’Aïd comme le stipule la Chariâa même si pour cela toutes nos économies devront y passer" nous avouera Ammi Mohamed, un fonctionnaire père de six enfants et de continuer :"Les prix dépassent tout entendement, l’on dirait que les maquignons et les éleveurs se sont donné le mot cette année pour nous dépouiller. Ne savent-ils donc pas que nous touchons des salaires de misère, que veulent-ils donc, au juste ? La nature est clémente cette année et l’herbe ne manque pas. Ne sommes nous donc pas des musulmans ?" Un petit tour au marché hebdomadaire de Zéghaïa, localité située à 7 km à l’ouest du chef-lieu de wilaya, nous a permis d’assister aux négociations d’achat et de vente de moutons sur pieds, les uns pas plus gros que des chats, d’autres bien engraissés et certains tout juste moyens. Les prix varient entre 13.000 et 40.000 dinars, c’est à prendre ou à laisser. Les maquignons, arborant de larges sourires, une fois un prix proposé répondent : " Pas encore, vous êtes trop loin du prix". Les acheteurs passent leur chemin sans mot dire ou marmonnent entre leurs lèvres des phrases indéchiffrables, la colère marquant leurs visages avant d’aller «tâter» une autre bête. Les prix des femelles sont abordables aussi les citoyens ne se gênent nullement pour en acheter car, disent-ils, l’essentiel est de faire plaisir aux enfants tout en respectant les rites du sacrifice divin. "Mes moyens ne me permettent pas de me payer un gros bélier, je me contente d’une femelle tout en souhaitant-que Dieu Le Tout-Puissant accepte mon offrande." Au vu des prix pratiqués au marché de Zéghaïa, les petites bourses et la classe moyenne auront du mal à dénicher un beau bélier. Les prix, selon certains habitués des marchés à bestiaux, baisseront incessamment car, disent- ils, les acheteurs ne se bousculent pas ce qui poussera les maquignons à liquider leurs moutons. Faut-il acheter tout de suite ou attendre encore ? Là est toute la question.