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Edition du 16 Novembre 2009



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La chasse aux grives, une passion dont on ne se dépêtre pas...
16 Novembre 2009

Dés que la couleur de l’olive vire au violet, et que les premières neiges recouvrent les cimes du Djurdjura surplombant la vaste oliveraie de Thiniri, les chasseurs de grives savent que c’est le moment de renouer avec leur passion favorite, en retirant leurs pièges du grenier pour chasser cet oiseau à la chair très prisée.
Abandonnant leurs aires de nidification (Europe), ces oiseaux migrateurs frugivores affluent à pareille époque dans les oliveraies de la Kabylie oû ils sont sûrs de trouver "gîte et couvert" pour se gaver d’olives, jusqu’à la fin de l’hiver, avant de fuir la chaleur et de repartir ailleurs pour se reproduire. C’est par petits groupes que ces passereaux arrivent dans la région vers la fin du mois d’octobre avant de se constituer, en décembre, en grandes nuées d’oiseaux observables tournoyant dans le ciel, ou dans les champs picorant les olives. C’est un temps de pluie fine et brumeux, quand il n’est pas possible de s’adonner à la récolte des olives que les invétérés chasseurs choisissent généralement pour aller dans la dense forêt d’oliviers de Thiniri enserrée entre les communes relevant des daira des Ouadhias et de Boghni, à une trentaine de km au sud de Tizi-Ouzou. Ils savent que ces vergers oléicoles sont tout indiqués pour poser leurs pièges, car c’est en ces endroits que les grives convergent pour se nourrir d’olives, ou remuer dans l’humus pour y rechercher des vers et des jeunes pousses dont elles raffolent. Selon les adeptes de ce passe-temps, il existe divers pièges dont le plus courant consiste en un dispositif formé de deux arcs de fil de fer superposés, coulissés par des ressorts écartables au moyen d’une tige de fer destinée également à maintenir le support de l’appât, consistant généralement en des vers de terre. Le piège est actionné dès que l’oiseau becquette la proie. La capture du gibier se fait également au moyen d’un nœud coulant fixé à une tige fixe d’oléastre. Toutefois, la chasse à grande échelle se fait à l’aide de la glu, avec laquelle on enduit les branches d’arbres pour prendre les oiseaux qui s’y posent. Le collet, le filet, la lampe utilisée de nuit sont d’autres procédés de chasse préférés par certains braconniers ratissant large. Une fois la pose des pièges terminée, les chasseurs, agissant de préférence par petits groupes, se chargent de rabattre le gibier vers les lieux où sont tendus les traquenards. Les chasseurs font le guet à partir d’un promontoire dominant les champs piégés, afin d’éviter que leurs précieux outils de chasse ne soient subtilisés par des maraudeurs toujours à l’affût. Après l’écoulement d’un long intervalle de temps, il s’agira, explique ammi Kaci le doyen des braconniers des Aït El Hadj d’Assi Youcef d’inspecter les pièges pour prélever le gibier dans une besace, mais aussi de refaire les pièges désamorcés et d’en renouveler l’appât. La même opération est refaite plusieurs fois jusqu’à la fin du jour. Selon ce chasseur qui continue encore malgré son âge avancé à parcourir les monts et les vaux pour assouvir une passion qu’il a contractée dès son jeune âge, "le nombre de pièces de gibier prises quotidiennement varie en fonction de celui des pièges posés, mais aussi de facteurs climatiques, en ce sens que les oiseaux abondent plus en période de froid qu’en temps ensoleillé". Toutefois, fait-il remarquer "même ceux qui repartent bredouilles ou captent du menu fretin, ne se découragent jamais et n’hésitent pas à repartir de nouveau à la chasse, tant ils sont tellement empêtrés dans les rets de leur passion". D’ailleurs, il est établi de longue date que celui qui a goûté à la chair succulente de la grive, tout comme de la perdrix, rôtie sur les braises d’un feu de bois, en redemandera toujours et ne pourra jamais s’empêcher de repartir à la chasse. Comme quoi, la chasse aux grives est une passion dont on ne se dépêtre pas facilement Néanmoins, les grives capturées en ce début d’olivaison sont encore chétives. Pour avoir de belles pièces, il faudra attendre, selon les initiés, que ces oiseaux migrateurs se soient suffisamment gavés d’olives pour prendre de l’embonpoint. Leur maigreur est expliquée par le fait que ces oiseaux ont brûlé toute leur graisse, en volant sur de longues distances au dessus des mers.


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