Le Midi Libre - Supplément Magazine - Un art à la limite de la vénération
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Edition du 28 Octobre 2009



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Le métier à tisser
Un art à la limite de la vénération
28 Octobre 2009

Le niveau d’excellence de la femme berbère se situait dans la poterie, la bijouterie et la filature et le tissage de la laine. Elle fabriquait de merveilleux burnous, tapis et autres couvertures que l’on appelle Avalnous, tenue vestimentaire par excellence de l’homme qui symbolise la dignité de tout un peuple, ou âlaou et tharakna qui servait de literie. Production à haute valeur ajoutée.

Depuis la nuit des temps, chaque maison kabyle possédait et ce jusqu’à de nos jours sa quenouille et son métier à tisser, outils indispensables dans l’économie du foyer. Après au gain, comme tout montagnard, le Kabyle vivait pratiquement en autarcie essayant de tirer le maximum d’une terre ingrate après des efforts surhumains. Ainsi la possession chez soi d’équipement de transformation de matière textile pour pallier l’insuffisance des richesses naturelles était nécessaire. a l’évidence, il était hors de question donc d’engager des dépenses pour l’acquisition d’un bien qui pouvait être produit des moyens propres. Tout naturellement de par sa dextérité pour ce genre de travaux, il revenait à la femme le soin de filer et tisser la laine produite par l’élevage de moutons qu’on tondait au début de l’été avant leur départ en transhumance pour quelques maigres pâturages de haute montagne. Les revenus relativement élevés, par rapport à d’autres, tirés de la cession ou la vente d’une couverture par exemple expliquent la quasi sacralité dans laquelle était tenu le métier à tisser, objet à la limite de la vénération ; ce qui fait qu’un rituel est engagé à l’entame des travaux. Généralement, un coq est sacrifié au début de la confection de l’ouvrage pour que le produit à réaliser soit réussi et que les efforts bien récompensés. En outre un jour est choisi pour le lancement , et c’est invariablement le même pour chaque famille, une règle à laquelle on ne dérogera jamais sous aucun prétexte sauf à s’exposer aux sanctions des pénates qui feraient en sorte que la contrevenante échoue dans son travail . La femme kabyle avertie de toutes ses exigences était à pied d’œuvre au jour fixé et ses doigts de fée s’activaient à la tâche, entre la trame et la chaîne aux motifs séculaires faits de figures géométriques essentiellement triangulaires et aux couleurs chatoyantes, caractéristiques récurrentes de l’habillement de la femme berbère. Ainsi, derrière le métier à tisser, les femmes posent les fils et construisent les motifs qui témoignent de leurs joies, leurs peines, leurs espoirs ou désespoirs. Elles répètent les mille gestes qui donnent corps inconsciemment à une symbolique collective ancestrale qui renvoie à l’amour, la paix et la prospérité. Chaque femme ajoutait invariablement une touche singulière, expression de ses sentiments personnels refoulés.

Par : Ourida Ait Ali

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