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Edition du 27 Août 2009



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Le coup de cœur des bouquinistes, «Une étoile m’a dit » de Fredric Brown
Promenade jubilatoire dans le futur
27 Août 2009

Durant le mois de Ramadan la lecture est souvent très appréciée. Une tournée des bouquinistes de la capitale nous a fait redécouvrir, un as de la science fiction, l’écrivain américain, Fredric Brown (1906-1972). Egalement virtuose de l’humour noir, ses récits prouvent que le talent et l’imagination humaine peuvent faire voyager loin et longtemps même le lecteur le plus profondément enfoncé dans son fauteuil.

Dans le style fantastique, Frederic Brown est classé joyeux luron au même titre que Douglas Adams, Robert Sheckley et Terry Pratchett. L’univers de Brown est souvent férocement parodique par rapport aux us et coutumes de son temps. Tournant en ridicule les stéréotypes de son époque, il commence par ceux de la science fiction des années 50. Ainsi dans son recueil de nouvelles intitulé « Une étoile m’a dit », le récit «Les Myeups » met en scène, les monstres à yeux pédonculés et à trois têtes, très populaires à l’époque. Lorsque le nouvelliste Elmo Scott sèche devant sa feuille blanche au risque de devoir reprendre son minable job de journaliste dans un quotidien de sa ville, il décide sur un coup de tête de commencer sa nouvelle par la phrase : « Le moment est venu pour les Myeups de bonne volonté de voler au secours de… » Alors qu’il demande à sa femme Toots de l’aider à finir la phrase, son doberman Rex, jusque là bien tranquille sur sa moquette, se met à parler, à appeler son épouse par son petit nom et même à rire ! Il explique au couple interloqué qu’il n’est plus leur chien mais un extra-terrestre naufragé, un Mieups précisément, qui s’est introduit dans le corps de l’animal. Juste le temps de réparer l’astronef sur lequel il est arrivé avec cinq Andromédiens comme lui. Une vache, une belette, un serpent à sonnettes, un écureuil et une poule viennent alors le rejoindre sous le toit du jeune couple. Chacun des animaux parle selon le dialecte et l’accent de personnes que le hasard leur a fait rencontrer. Ce qui donne des dialogues désopilants ! Doués de télépathie et d’une intelligence très supérieure à celle des Terriens, les Myeups réparent l’astronef en quelques heures car « ils sont capables de travailler dans une dimension plus lente… » Elmo Scott exulte car c’est une notion qu’il a lui-même développée dans ses nouvelles. « J’ai utilisé ça dans une de mes histoires. Tu passes dans une autre dimension où le temps n’est pas le même que dans la tienne : tu y restes un mois, et tu reviens quelques minutes ou quelques heures après ton départ, si tu comptes selon le temps de la dimension où tu vis d’habitude. » explique-t-il à sa femme éblouie. Les Myeups, décidément très attentifs à la littérature des Terriens lui font savoir que c’est exactement pour cette raison qu’ils l’ont choisi. Puis ils disparaissent, non sans avoir fait quelques réparations dans l’esprit de leurs hôtes. Son chien auquel les extra-terrestres ont laissé le don de la parole pour encore quelques minutes lui explique que dorénavant les angoisses de la feuille blanche sont complètement dépassées pour lui. Il lui annonce également que s’il comptait se faire de l’argent grâce aux restes de l’astronef naufragé, c’est impossible car il vient d’avaler la machine de taille microscopique en même temps que son casse-croûte ! « Ils ont jugé que vous seriez beaucoup plus heureux comme ça. D’ailleurs, maintenant que le facteur d’inhibition a disparu, vous n’aurez plus aucun mal. » Cette nouvelle à mourir de rire fait partie d’un ensemble de la même trempe. Ainsi, dans le récit intitulé « Un coup à la porte » , l’épouvante semée par les Zans, extra-terrestres qui ont liquidé la vie animale sur terre à l’aide de quelques vibrations ne désarçonne nullement l’exemplaire qu’ils ont décidé de sauvegarder dans un zoo au même titre que quelques douzaines d’autres animaux. Et comme pour toutes les autres espèces, le scientifique Walter Phelan, dernier homme sur terre se voit flanquer d’une femelle. Mais voilà, Grâce Evans, la dernière femme sur terre ne veut pas de lui. Il faut dire que doté d’un physique peu avantageux, malgré une intelligence remarquable, il n’est pas très attirant… Avec de fréquents coups d’œil au récit biblique, l’auteur fait intervenir un serpent qui au lieu de perdre ce nouveau couple primordial va le sauver. Dans la nouvelle « Tu n’as point tué », la référence aux écritures est encore là. Un savant brillant des futures décennies trouve la meilleure manière d’éliminer le crime organisé. Il fait subir à des criminels invétérés une sorte d’hypnose pour les convaincre qu’ils n’ont jamais tué. Cela marche si bien qu’ils se rangent les uns après les autres. Les cinq autres nouvelles du recueil sont tout aussi jubilatoires.

Par : Karimène Toubbiya

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