Scotchés devant les écrans de télé ou des ordinateurs, se retrouver dans les rares salles de jeux vidéos ou errer sans but "en meutes" entre les murs des cités. Des sorties plage ou piscine pour les privilégiés... Voilà pour illustrer les vacances de la grande majorité des adolescents algérois qui noient leur ennui en comptant les jours qui s’égrènent lentement et en rêvant d’une ville où ils auront enfin une place à part entière.
Les adolescents, résidant dans les villes, ont bien du mal à trouver une occupation durant les longues vacances d’été. Ayant passé l’âge des colos, ils sont néanmoins trop jeunes pour envisager d’y aller en tant que moniteurs. Nous parlons de ceux dont les parents n’ont pas les moyens de leur payer un séjour outre mer ou dans l’un des nombreux complexes. Ces gamins, poussés trop vite, sont totalement désorientés et n’arrivent pas à se situer dans la société, leurs parents leur interdisant de passer trop de temps dans la rue, afin d’éviter de côtoyer les délinquants qui y pullulent, mais d’un autre côté ils restent livrés à eux-mêmes. Il ne leur reste que les chaines de télévision pour tuer l’ennui ou pour ceux qui ont la chance d’avoir Internet à surfer sans fin. Pour savoir ce que pensent ces jeunes de cette situation, nous les avons questionné, certains ont bien voulu nous parler de leur morne quotidien en ces débuts de vacances : Redha, 16 ans nous dira, "mes parents travaillent encore, j’attends leurs congés pour les accompagner en Tunisie, on s’y rend presque chaque été. D’ici là, je passe mon temps à traîner avec les copains, par-ci, par-là. Sinon je regarde la télévision, ou bien je me connecte sur Internet". Manel, 15 ans quant à elle nous dira " Nous programmons avec mes parents et mes frères des sorties- plages pour les week-ends. Ceci en attendant que mon père prenne son congé, pour pouvoir nous rendre en Kabylie, sur la plage "Petit Paradis" un endroit que j’adore". Sonia 16 ans nous parle, elle, de ses jours qui se ressemblent tous, "la plupart des filles restent à la maison, ou se rendent chez leurs grands-parents pour changer d’air. On attend toujours que les parents prennent des décisions pour nous. Ce n’est pas comme pour les garçons, ils font ce qu’ils veulent, ils sont libres d’aller où bon leur chante, conclusion chaque jour, c’est les corvées ménagères et les séries télé". Amazigh, un jeune de 17 ans rejoint les avis de tous les jeunes, "ici à Alger, nous n’avons pas où nous rendre. Le béton nous cerne de partout. À part la plage, quand on a les moyens, à part la télé et le cybercafé il n’y a rien pour nous. C’est une façon de nous évader de ce quotidien pesant. Via la chat on découvre d’autres horizons, c’est d’ailleurs mon passe-temps favori". D’après ces témoignages, on constate que tous ces jeunes se rejoignent pour exprimer leur mal-vivre et ennui profonds. Les ados du monde entier profitent de leurs vacances pour enrichir leurs connaissances et culture en se rendant dans des camps d’ados où un encadrement et des occupations ludiques sont prévus pour leur épanouissement. D’autres groupes d’amis s’organisent pour des randonnées en montagne ou dans la campagne en bivouaquant dans la nature, ce qui leur permet de s’aguerrir et de découvrir leur pays. Chez nous il n’est même pas possible de rêver à ce genre d’ "aventures", vu l’insécurité ambiante. Les auberges de jeunes qui recevaient les jeunes en randonnées ont pratiquement disparues ou ont été détournées de leur vocation première. Rien de plus affligeant que de voir ces jeunes rivés devant les écrans d’ordinateur ou de télévision, au moment où ils pourraient s’investir dans différentes activités culturelles et ludiques.