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Mila, diplômés universitaires et exclus de l’école
Petits jobs et travail au noir, en attendant …
29 Avril 2009

Combien sont-ils ces jeunes et moins jeunes à courir après un emploi permanent qui leur permetrait de vivre décemment, de fonder un foyer et d’avoir des enfants pour avoir le statut de « personne normale » ? Leur nombre augmente du jour au lendemain dramatiquement, les diplômés universitaires qui aarrivent sur le marché du travail chaque année, mais également les exclus du système scolaire viennent, immanquablement, grossir les rangs des sans emploi.

Le taux de chômage, quels que soient les postes de travail ouverts par l’Etat, ira toujours crescendo, l’offre étant largement en deçà de la demande, aussi les jeunes, las d’attendre que l’Etat les embauche, comptant sur eux-mêmes,  se débrouillent comme ils peuvent, obéissant à l’adage : «Aide toi, le Ciel t’aidera». Pour survivre et profiter pleinement de leur vie, et nonobstant la valeur de leurs diplômes, ils illustrent le fameux slogan «36 métiers, 36 misères», et ils sont heureux.
Ceux qui ne rechignent pas à l’effort, et ils sont nombreux de nos jours, travaillent dans le bâtiment et arrivent à subvenir à leur bessoin essentiel . Après une dure journée de labeur, ils s’habillent dernier cri s’en donnent à cœur joie en oubliant leur statut précaire. «On ne vit qu’une fois», nous confiera Adel, devenu, par la force des choses, un grand maçon, connu de tous, sa licence de littérature arabe, il la garde jalousement dans sa chambre, espérant qu’un jour, elle lui servira. Et comme de juste ils rêvent de harga. Ils évitent de gêner leurs parents par des demandes d’argent ou d’achat de vêtements, en subvenant à leurs besoins eux-mêmes.
 Une autre catégorie de chômeurs opère  dans le commerce informel, la revente de portables est une de leurs activités les plus prisées . Parfois cela rapporte gros mais parfois ils sont obliugés de revendre à perte. N’empêche qu’ils apprennent au contact des autres et tant bien que mal arrivent à subvenir à leurs besoins en cigarettes et vêtements et ils sont heureux, car comme nous l’a si bien expliqué Ali : «Je ne demande pas d’argent de poche à mon père, c’est l’essentiel, je ne suis donc pas un fardeau pour ma famille.»
D’autres travaillent comme  receveurs dans les bus de privés pour des salaires dérisoires mais ils se disent satisfaits, car le plus important pour eux c’est de se sentir utiles.
Les filles, quant à elles, sont recrutées par des petits ou des grands patrons comme vendeuses ou comme caissières, elles touchent un pécule minable,  mais font leur boulot de la meilleure façon possible. L’argent qu’elles gagnent leur permet à peine de s’acheter quelques produits de beauté et encore faudrait-il qu’elles choisissent ceux de moindre qualité, car les «marques» sont trop chères et dépassent largement leurs moyens.
«Tant que les patrons privés ne jouent pas le jeu, il y aura toujours des chômeurs car s’il faut compter sur l’Etat pour avoir un job, il faut rêver. Dans les pays outre Méditerranée, ce sont les privés qui recrutent et à un degré moindre l’Etat. En France, les jeunes travaillent comme serveurs de cafés, pâtissiers, bouchers, infirmiers chez des privés mais ils sont payés selon le SMIG, touchent des allocations familiales et voient leurs salaires augmenter chaque année, pourquoi ne fait- on pas la même chose chez nous ? », s’interroge Aboud, un vendeur de cigarettes, technicien supérieur en informatique.
Le travail au noir est une réalité chez nous, et force est de reconnaitre que tous les moyens employés par l’Etat pour l’éradiquer sont demeurés vains, les travailleurs recrutés par les patrons n’osent pas les dénoncer de peur de  se faire renvoyer et de perdre leurs petits pécules. Les patrons, conscients de leurs faiblesses, ne sont font pas prier pour profiter pleinement de l’aubaine et les exploiter jusqu’à l’usure.
Les inspecteurs du travail sont confrontés à un véritable dilemme, lors de leurs contrôles routiniers, car à chaque fois, c’est le même refrain chez les travailleurs recrutés au noir, «je ne fais que l’aider, c’est un ami, c’est l’ami de mon père…», sont leurs éternelles réponses d’où leur incapacité à intervenir, au grand bonheur des employeurs.
Ces travailleurs, d’un jour, d’un mois, d’une année, de toute une vie, sans assurance, sans fiches de paie, sans papiers, sauront- ils, un jour se plaindre et réclamer leurs droits  à qui de droit?

Par : Zaoui Abderaouf

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