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Edition du 2 Mai 2009



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Les premiers coups de cisailles dans les barbelés du "Rideau de fer"
2 Mai 2009

Les premiers coups de cisailles dans le "Rideau de fer" ont été portés par des gardes-frontières hongrois le 2 mai 1989 à la périphérie du village de Fertörakos, sur la frontière avec l’Autriche. Imre Csapo, l’un d’entre eux, relate ces derniers jours des barbelés de la honte. Jusqu’à cette première brèche, il avait été chargé pendant 23 ans de surveiller les moindres faits et gestes le long de cette frontière quasi imperméable entre l’Est et l’Ouest. "Il y avait des gardes partout, à pied, en voiture et même à vélo, interrogeant tous les individus qui demandaient la permission d’entrer dans la zone" le long des barrières métalliques, raconte ce retraité de 60 ans. "Les gens essayaient de passer entre les fils barbelés, creuser pour se faufiler en-dessous ou passer au-dessus par des échelles pour accéder au monde libre" le long de ces 356 km de grillage muni d’un système d’alarme électrique activé dès que quelqu’un tentait de le franchir, ajoute-t-il. "Les fils de barbelés horizontaux n’étaient pas particulièrement tendus pour céder sous le poids des dissidents et déclencher ainsi inévitablement le signal d’alarme pour les patrouilles", précise-t-il. Lors de ses patrouilles de surveillance, il assistait en moyenne à un peu plus d’une vingtaine de tentatives de fuite par an. A la retraite depuis une dizaine d’années, Imre Csapo rassemble toutes sortes de reliques de cette époque dans son jardin pour un futur musée du "Rideau de fer". Il montre ainsi fièrement aux journalistes des mètres de barbelés récupérés après le premier démantèlement, les restes d’un mirador et une vieille Trabant verte, la voiture-symbole des citoyens de la République démocratie allemande communiste (RDA) qu’ils abandonnaient lors des passages précipités vers l’Ouest dans les brèches du "Rideau de fer" tout au long de l’année 1989. Au total, les dissidents ont ainsi laissé derrière eux de 3.000 à Trabant et Wartburg, l’autre voiture de l’Est, faisant de Fertörakos "un véritable paradis pour les mécaniciens", selon Imre Csapo. Après les premiers coups de cisailles dans ce village, il y a eu le 19 août le célèbre pique-nique paneuropéen dans la campagne hongroise à quelques kilomètres de là. "Les Allemands de l’Est ont entendu je ne sais comment que la frontière serait ouverte pour quelques heures pour les Autrichiens et les Hongrois" à cette occasion-là et ont tout laissé derrière eux pour se ruer vers frontière, raconte un ancien collègue d’Imre Csapo, Erno Ambrus. Budapest n’avait pas donné de consigne particulière et les gardes-frontières, éberlués, ont renoncé, sur ordre de leur commandant, Arpad
Bella, à tirer sur les fugitifs, précise-t-il. Ce jour-là, quelque 600 Allemands de l’est ont fui la Hongrie illégalement. Le "Rideau de fer" a été refermé le lendemain mais seulement pour un mois. Le 10 septembre, le gouvernement hongrois décidait d’ouvrir les frontières définitivement, provoquant un exode de plus de 50.000 Allemands de l’est.


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