Dans le cadre de son ciné-club du jeudi, l’Association « A nous les écrans » a organisé avant-hier à la salle ABC, la présentation pour la première fois à Alger, de making-of d’Al Rissala (Le message), réalisé par Christopher Penfold et commenté par Damien Thomas (45mn). Sa projection a été précédée par celle du documentaire Les films épiques (45 mn): «Du Dix Commandements à Gladiator» Al Rissala (Le message) crée un précédent dans l’histoire du cinéma. C’est le premier film à avoir été tourné entièrement en deux versions. La première en anglais et en la seconde arabe. Environ 29 nationalités étaient représentées et chaque version a nécessité plus de 40 acteurs (sans compter les figurants). Le tournage a commencé au Maroc le 16 avril 1974 dans un petit village pratiquement inconnu, Aït Bouchent, à 25 km de Marrakech. C’est en ce lieu que le réalisateur Mustapha Al Akkad a érigé une réplique de la Mecque. C’était l’œuvre du décorateur Tambi Larsen, qui a reçu un Oscar pour son travail sur la Rose tatouée et la costumière. La plus importante reconstruction de décors depuis «Cléopâtre». Une reconstruction qui a nécessité 300 ouvriers. La Kaâba a été recouverte d’un tapis spécial tissé à Tanger selon d’anciens motifs. Cette œuvre a couté 1 million de dollars. Pour Mustapha Al Akkad, l’achèvement du Message a été la réalisation d’un rêve vieux de dix ans. Cependant, il faudra attendre 1969, date à laquelle l’écrivain H.A.L. Craig commence à travailler sur le scénario pour que le rêve semble devenir réalité. Ce ne sont pas seulement les difficultés de tourner à la même échelle qu’un DeMille ou un Griffith, avec une distribution de milliers de personnes qui ont fait du Message une production unique en son genre. Il y a eu aussi le fait qu’Al Akkad a voulu faire deux versions, l’une anglaise, l’autre arabe, avec deux distributions différentes. Le script a aussi posé un problème important. Al Akkad savait que sans le script, il ne pourrait jamais obtenir les financements nécessaires. A cette fin, il a ouvert des bureaux pour les «Filmco International Productions» à Los Angeles et à Beyrouth et Craig s’est mis au travail. Al Akkad a passé alors des mois à sillonner le monde en avion, prenant part à de nombreux meetings dans l’espoir de réunir de l’argent.
Grâce aux «Arab International Productions», il a obtenu le soutien d’un groupe tripartite de Libye, du Maroc et du Koweït. Emportant avec lui le premier texte de Craig, Akkad se rendit au Caire en compagnie de l’écrivain, loua un étage dans un hôtel et avec trois spécialistes musulmans de l’université Al Azhar du Caire se mit au travail. Enfin, la musique est signée par Maurice Jarre, qui vient de nous quitter, il avait signé la musique Le Docteur Jivago et Lawrence d’Arabie.