Dans la ville de Dubaï, tentaculaire et congestionnée, l’heure qui précède la rupture du jeûne du mois du ramadan s’avère extrêmement dangereuse sur les routes, selon la police locale.
"La plupart des accidents se produisent dans l’heure qui précède l’iftar", constate un porte-parole de la police de Dubaï, le commandant Fayçal al-Naïmi,selon lequel "la vitesse excessive, la fatigue due au jeûne et le manque de concentration" rendent ce segment horaire très risqué pour les conducteurs.
"Ce qui change pendant le ramadan, ce n’est pas tant le nombre d’accidents mais l’heure à laquelle ils arrivent", a indiqué à l’AFP cet officier du département de la circulation.
Un quotidien local, 7Days, s’est associé à une agence de publicité pour mettre en garde, à grand renfort de panneaux, les conducteurs contre cette heure fatale.
L’un d’eux montre un individu, appelé Akram, hirsute et l’air exténué. "Cet homme a du sang sur les mains (...) il a été impliqué dans 84 accidents", lit-on en bas de l’affiche.
Mais on comprend vite en poursuivant la lecture qu’il s’agit d’un secouriste qui, en raison de ses nombreuses interventions sur les lieux d’accidents d’avant l’iftar, n’a jamais eu le temps d’en profiter en famille depuis le début du ramadan.
La campagne lancée à la mi-ramadan part du même constat que celui fait par le département de la circulation de la police de Dubaï qui indique que neuf personnes sont mortes sur les routes, avant l’iftar pour la plupart, pendant les 13 premiers jours du ramadan, sans compter les nombreux blessés.
En 2007, dix personnes sont mortes au total pendant tout le mois du ramadan, a expliqué le commandant Naïmi, qui espère que les statistiques ne vont pas s’affoler pendant le reste du mois sacré.
L’officier n’a qu’un mot à la bouche à l’adresse des automobilistes: "prudence, prudence et encore prudence". "Il faut qu’ils réalisent que l’automobile peut être aussi un outil avec lequel on se tue et on tue".
Il ajoute que les services de police se préparent déjà aux périodes de fête d’après le ramadan qui connaissent habituellement, selon lui, de nombreux accidents sur les autoroutes inter-urbaines.
"Nous allons envoyer de courts messages sur les téléphones portables des habitants de Dubaï leur souhaitant bonne fête et leur demandant de faire attention sur les routes", a indiqué le commandant Naïmi.
Pendant le ramadan, la plupart des accidents ont lieu à l’intérieur de Dubaï, causés par des automobilistes voulant gagner au plus vite leur domicile avant l’iftar. Sept des neuf morts sont tombés dans Deira, la partie centrale et densément peuplée de la ville, et deux dans Bur Dubaï, zone plus aérée située plus à l’ouest.
Parmi les victimes, six étaient au volant, deux étaient des piétons fauchés sur les routes et une était passagère à bord d’un véhicule, a précisé un autre responsable de la police de Dubaï.
Plus généralement, la ville de Dubaï, en raison d’une activité débordante, est très congestionnée et les responsables de l’Autorité des routes ne cessent de tenter de remédier au problème.
Cet organisme a indiqué, selon la presse, plancher sur un projet consistant à étaler les heures d’ouverture des administrations, commerces et différents services pour tenter de rendre la circulation plus fluide.
Le chef de cet organisme, Matar al-Tayar, a suggéré aussi d’ouvrir certains bureaux dès cinq heures du matin et d’encourager les transports publics, précisant que le nombre de bus allait atteindre 2.500 en 2009. Le nombre de voitures circulant à Dubaï est passé de 350.000 en 2005 à 850.000 actuellement, d’où la pression constante sur les axes routiers en dépit de leur multiplication et de leurs agrandissements.